Devenir un vampire ? Un surfeur braqueur de banque ?
Un démineur en Irak ? Une femme flic ?
Vous voulez connaître l'action-trip de votre vie ?
Tel est le cinéma selon Kathryn Bigelow : un shoot d'adrénaline, qui vous remue profond et vous met les nerfs à vif. Lenny Nero dans Strange Days deale des clips de violences et de sensations que l'on s'injecte directement dans le cortex. Pas du factice hollywoodien, mais du réel, vécu et enregistré par un autre : la vie elle-même. Jusqu'au Death Trip qui, s'il ne vous crame pas le cerveau à jamais, vous coupe l'appétit pour la semaine. James Cameron, coscénariste, s'en souviendra : Avatar est le développement d'une scène de Strange Days où un handicapé retrouve les sensations de la course sur le sable, de la vague contre ses pieds... quant au SQUID - la méduse qu'on se pose sur le crâne et qui diffuse les images - ce sont les lunettes 3D, bien sûr.
Injection de l'image-action et immersion dans un milieu de pures émotions violentes, tel est le mode de fonctionnement des personnages de Bigelow. Dans Near Dark, le virus du vampirisme substitue à la fragile enveloppe humaine un corps immortel, qui se régénère automatiquement. Mieux qu'un Terminator !
Cet organisme inaltérable est lié à un territoire, celui de la nuit et des vampires. S'il le quitte, le vampire devient plus fragile qu'un être humain et sa peau brûle aux rayons du soleil. Kathryn Bigelow n'a cessé de mettre ses personnages à l'épreuve de l'action. L'invention de ces organismes modifiés par l'adrénaline en font une cinéaste aussi passionnante - et au fond aussi intimiste - qu'un David Cronenberg.
Avec Démineurs, Bigelow invente la prothèse parfaite du film d'action : l'armure-scaphandre qui ne fait pas que protéger le démineur. Elle l'isole dans sa bulle d'angoisse et sa jouissance tout de même masochiste. Un peu comme la combinaison des Atrèides de Dune qui recycle les liquides corporels, sauf qu'ici c'est l'adrénaline qui devient l'énergie vitale.
S'il quitte son scaphandre, le démineur se retrouve aussi fragile que les vampires de Near Dark. Mais s'il quitte le territoire de guerre, c'est encore pire : il ne devient plus rien. Rentré au pays et retrouvant sa vie de couple, le flip ultime du démineur dépasse le désamorçage d'une bombe en plein cœur de Bagdad. Dans une superette, il s'arrête, interdit, devant un rayonnage de corn-flakes. Quel est le bon paquet que lui a demandé sa femme ? Comment lui prouver qu'il n'est pas qu'un freak totalement inadapté à la vie civile ? Bien plus terrible que le sol irakien est le terrain miné des relations humaines.
Alors oui, il y a une joie - celle du drogué retrouvant sa dose - dans la reprise du compte à rebours et le retour au monde de la guerre.
L'action qui donne un sens à sa vie, fonde le caractère profondément marginal des héros de Kathryn Bigelow. Dans Point Break, durant la superbe poursuite à pieds, Johnny Utah et son antagoniste Bodhi Salver traversent des pavillons de la banlieue de Los Angeles ; petites vies rangées d'une American Way of Life à laquelle ils n'appartiennent pas. La silhouette noire et masquée que Keanu Reeves poursuit n'est pas un être humain mais un concept : le corps de l'action pure qu'il doit incorporer.
Un démineur en Irak ? Une femme flic ?
Vous voulez connaître l'action-trip de votre vie ?
Tel est le cinéma selon Kathryn Bigelow : un shoot d'adrénaline, qui vous remue profond et vous met les nerfs à vif. Lenny Nero dans Strange Days deale des clips de violences et de sensations que l'on s'injecte directement dans le cortex. Pas du factice hollywoodien, mais du réel, vécu et enregistré par un autre : la vie elle-même. Jusqu'au Death Trip qui, s'il ne vous crame pas le cerveau à jamais, vous coupe l'appétit pour la semaine. James Cameron, coscénariste, s'en souviendra : Avatar est le développement d'une scène de Strange Days où un handicapé retrouve les sensations de la course sur le sable, de la vague contre ses pieds... quant au SQUID - la méduse qu'on se pose sur le crâne et qui diffuse les images - ce sont les lunettes 3D, bien sûr.
Injection de l'image-action et immersion dans un milieu de pures émotions violentes, tel est le mode de fonctionnement des personnages de Bigelow. Dans Near Dark, le virus du vampirisme substitue à la fragile enveloppe humaine un corps immortel, qui se régénère automatiquement. Mieux qu'un Terminator !
Cet organisme inaltérable est lié à un territoire, celui de la nuit et des vampires. S'il le quitte, le vampire devient plus fragile qu'un être humain et sa peau brûle aux rayons du soleil. Kathryn Bigelow n'a cessé de mettre ses personnages à l'épreuve de l'action. L'invention de ces organismes modifiés par l'adrénaline en font une cinéaste aussi passionnante - et au fond aussi intimiste - qu'un David Cronenberg.
Avec Démineurs, Bigelow invente la prothèse parfaite du film d'action : l'armure-scaphandre qui ne fait pas que protéger le démineur. Elle l'isole dans sa bulle d'angoisse et sa jouissance tout de même masochiste. Un peu comme la combinaison des Atrèides de Dune qui recycle les liquides corporels, sauf qu'ici c'est l'adrénaline qui devient l'énergie vitale.
S'il quitte son scaphandre, le démineur se retrouve aussi fragile que les vampires de Near Dark. Mais s'il quitte le territoire de guerre, c'est encore pire : il ne devient plus rien. Rentré au pays et retrouvant sa vie de couple, le flip ultime du démineur dépasse le désamorçage d'une bombe en plein cœur de Bagdad. Dans une superette, il s'arrête, interdit, devant un rayonnage de corn-flakes. Quel est le bon paquet que lui a demandé sa femme ? Comment lui prouver qu'il n'est pas qu'un freak totalement inadapté à la vie civile ? Bien plus terrible que le sol irakien est le terrain miné des relations humaines.
Alors oui, il y a une joie - celle du drogué retrouvant sa dose - dans la reprise du compte à rebours et le retour au monde de la guerre.
L'action qui donne un sens à sa vie, fonde le caractère profondément marginal des héros de Kathryn Bigelow. Dans Point Break, durant la superbe poursuite à pieds, Johnny Utah et son antagoniste Bodhi Salver traversent des pavillons de la banlieue de Los Angeles ; petites vies rangées d'une American Way of Life à laquelle ils n'appartiennent pas. La silhouette noire et masquée que Keanu Reeves poursuit n'est pas un être humain mais un concept : le corps de l'action pure qu'il doit incorporer.




Écrit pour le catalogue de la 25e édition du Festival Entreveus de Belfort (27 novembre-5 décembre 2010)
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