jeudi 20 mai 2010

Kaidan eiga 3 : Sadako, origines italiennes


Dans les années 60, les fantômes japonais et italiens entretenaient une correspondance secrète.
Dans son chef d'œuvre Les fantômes de Yotsuya (Yotsuya Kaidan, 1959), Noburo Nakagawa anticipait les couleurs irréelles et morbides de Mario Bava, nimbant les marécages de brumes verdâtres. Quant au maître italien, le masque de bronze qu'il cloue sur le visage de la sorcière est bien celui d'un démon asiatique aux yeux effilés et à la langue de reptile.
En Italie comme au Japon, les fantômes étaient avant tout féminins.
Au Japon, venue du kabuki et des estampes d'Hokusai, la triste Oiwa est d'abord une victime, moins effrayante que pathétique. Trompée, empoisonnée, défigurée, elle ne se relève de la boue des marais que pour accuser une société d'hommes cruels.
En Italie, la terreur n'avait qu'un visage, celui de Barbara Steele. Elle fut "la" star du film d'horreur et à ce titre fétichisée à outrance. La chevelure, épaisse, captivante - les longs cheveux de la mort - la bouche immense, sensuelle et les dents voraces, la peau blafarde, trouée, vitriolée, brûlée, et les yeux, bien sûr, les yeux de Barbara Steele, ténébreux, méduséens. Noirs étangs de la terreur.
Dans Les amants d'outre tombe de Mario Caiano (1965), jamais Barbara Steele ne fut davantage proche d'un spectre japonais. L'œil exorbité, elle écarte, comme un rideau de théâtre, ses cheveux et dévoile sa figure ravagée, avant d'éclater d'un rire dément - immense diva de l'horreur.









lundi 17 mai 2010

Kaidan eiga 2 : Sadako, origines russes



Le meilleur moyen de représenter un fantôme n'est-il pas de le construire avec la mémoire du spectateur ?
Sadako, le spectre féminin de Ring d'Hideo Nakata vient bien sûr de l'histoire du cinéma fantastique japonais, des films de Nakagawa ou de la danse Butô. Mais elle naît aussi de la scène du rêve du Miroir (1974) de Tarkovski.
Ainsi, Sadako, sœur de cette mère spectrale aux cheveux de méduse, nous est-elle familière.





vendredi 14 mai 2010