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lundi 12 septembre 2011

Damnées à Shibuya




Guilty of Romance de Sono Sion est comme la reprise, ambitieuse et opératique, des roman porno écrits par Dan Oniroku ou Naomi Tani jouait des femmes au foyer sombrant dans la prostitution. Le jeu de soumission était toujours un leurre et l’actrice dévoilait soudain son vrai visage, exorbité par la folie et le plaisir, comme une version japonaise de la Dirty de Bataille.

Guilty of Romance se déroule en grand partie à Maruyama, la colline des love hotels de Shibuya. Ces petites chapelles multicolores trouvent une version dégradée - mais qui est aussi leur vérité - dans l’hôtel en ruine où Izumi, la femme au foyer, suit Kazuko la professeur qui  ne se prostitue que pour atteindre l’enfer, le jigoku.

Makoto est damnée et depuis l’enfance le feu des désirs interdits dévore ses entrailles.

Izumi est entraînée, toujours un peu plus loin dans le monde de Kazuko, jusqu’à s’apercevoir que le love hotel en ruine était aussi le double infernal de son propre foyer. Elle perd alors définitivement son chemin, oublie qui elle est, et gagne un territoire qui n’est plus Tokyo, qui est peut-être Osaka, où les prostituées ne sont même plus japonaises.


Est-elle parvenue à atteindre le Château ?
















jeudi 8 septembre 2011

La femme cauchemar


Dementia (1955) de John Parker, film muet d’une cinquantaine de minutes, est une dérive mentale féminine dans la lignée de Blue Gardenia de Lang, de Carnival of Souls de Herk Harvey ou du Silence de Bergman. Dans un Los Angeles nocturne, une jeune femme assassine en état de transe, revivant ses traumas en spasmes surréalistes. Dementia est un film noir poisseux, dans une ville cauchemar que l’on imagine encore hantée par les assassins du Dahlia Noir. Expressionnisme relocalisé à l’ouest des USA, ombres suffocantes dévorant les personnages, gros plans fiévreux de visages... Dementia anticipe de trois ans La Soif du mal de Welles et en pose déjà les bases esthétiques*. On trouve même un sosie de Welles, Bruno VeSota en bourgeois adipeux. 


Autour de Dementia aurait très bien pu se bâtir la légende de Welles tournant en indépendant une petite production d’horreur underground. La vérité est différente mais pas moins mystérieuse : Stéphane Bourgoin dans l’édition DVD Bach film nous apprend que John Parker était le fils d’un exploitant de salle. Son unique film serait inspiré d’un rêve de son assistante, Adrienne Barrett, qui par ailleurs interprète le rôle principal (curieusement nommé The Gamin).
Dementia est empreint de désespérance et de fatalité. Un journal, porté par le vent, ne cesse de mettre devant les yeux de la jeune femme ses gros titres, comme un sinistre oracle : meurtre mystérieux au couteau. Ce mauvais sort, The Gamin ne cesse de le fuir, tout en ne pouvant échapper à son inexorable aimantation. L’errance dans les rues, le racolage de l’homme riche, son meurtre, la main coupée crispée sur un médaillon, le club de jazz...  Tout est à venir et déjà accompli. Au terme de sa fugue elle reprend sa place initiale, dans une chambre sordide, et le cycle est prêt à recommencer.
Ce manège infernal trouve son origine dans un trauma enfantin. Sa révélation est la scène la plus étonnante de Dementia. La jeune femme est guidée à travers un cimetière brumeux par un homme sans visage. 


 Sur les pierres tombales ne sont gravés que les mots Father et Mother. Dans le cimetière lui-même apparaissent le mobilier d’un salon et les fantômes des parents. Le père est un tyran domestique, alcoolique, terrorisant sa femme et sa fille. Sans doute, à moins qu’il ne s’agisse d’un désir non formulé, la jeune femme a poignardé son père qui venait d'assassiner sa mère.
Les morts-vivants les plus terrifiants sont ceux des mauvais souvenirs d’enfance.





*  La magnifique photographie est d’ailleurs l’œuvre de William C. Thompson qui éclaira les films mythiques d’Ed Wood.

samedi 3 septembre 2011

Orgasm Racer

Redline de Koike Takeshi


Dans un lointain futur, des courses automobiles où s’affrontent des mutants, des robots-guerriers, et des extra-terrestres plus ou moins humanoïdes. La ligne rouge est le nom de la dernière compétition, sur une planète nommée Roboworld et plus ou moins fascistoîde, tendance Rêve de fer. Les courses sont surtout une façon pour Koike Takeshi (avec au scénario et au concept Katsuhito Ishii, le réalisateur fou et libre de The taste of Tea) d’exploser ses images en un kaléidoscope hallucinogène de couleurs. D’ailleurs, lorsque les bolides sont arrivées aux bout de leurs possibilités, on envoie des pastilles dans leurs réservoirs pour leur faire accomplir des performances surhumaines - claire métaphore d’une Extasy de l’action pour un film conçu comme un délire techno, une rave animée.



Franchir la Redline, la dernière étape, on s’en aperçoit bien vite, c’est atteindre l’orgasme. le pilote JP et son adversaire, la belle Sonoshee, finissent par s’unir, pilotant la dernière voiture en un magnifique duo d’amour-action. Alors que les super-otakus ne peuvent s’hybrider qu’avec leurs machines, eux, dont les carcasses d’acier se sont désintégrées, ne sont plus que deux corps propulsés dans l’espace, qui franchissent la dernière ligne, la ligne rouge. Dans l’extase.







Le 19 octobre 2011 Kazé éditera REDLINE en DVD et BLU RAY
http://www.kaze.fr/index.php