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vendredi 13 avril 2012

My japanese jukebox 2 : Carmen Maki


Le véritable nom de Carmen Maki, dont le père était Américain, est également ravissant : Maki Annette Lovelace. Elle est l’une des figures du folk psychédélique japonais, puis du blues teinté de Heavy metal avec ses groupes Oz et Blues explosion. C’est la première partie de sa carrière qui m’intéresse particulièrement. En 1968, elle croise la route de Terayama et JA Seazer et fait partie du Tenjo Sajiki. En 1968, elle participe à la BO de Hatsukoi Jigoku-en / Premier amour, version infernale de Hani (je préfère toujours ce titre étrange à la version, sans doute mieux traduite, de L’enfer du premier amour) dont Terayama est le scénariste. Elle poursuit sa collaboration avec Terayama (et sans doute Seazer, mais je manque d’information) au moins pour deux albums magnifiques : Poems in the Midnight (Till the Candle Goes Out) (1969) Adamu to Ebi (Adam et Eve, 1970). L’influence de Seazer est perceptible, même si la musique de Carmen Maki est bien moins barbare. Ses chansons sont des rêveries mélancoliques et commencent souvent par des monologues presque chuchotés.

Toki Niwa Haha No Nai Ko No Youni (de Poems in the Midnight), dont la traduction serait «je me sens parfois comme un enfant qui n’aurait pas de mère», est l’une de ses plus belles chansons. La vidéo est l’une des rares apparitions télévisées de Carmen maki pendant cette période.


Les morceaux de Adamu to Ebi sont plus expérimentaux et torturés.



(la vidéo est de moi et ne prétend à rien de spécial : je n’ai fait que coller quelques images glanées à Tokyo l’an dernier, des chats dans des cimetières et des vues de l’étang de Ueno au crépuscule)











Ps : de belles pochettes de vinyles japonais ici

jeudi 12 avril 2012

My japanese jukebox 1 : Chiaki Naomi - Yorue Isogu Hito (1977)



"J'ai peur de la journée où le soleil brille, j'ai peur également de la nuit où le vrai visage apparaît...
Viens viens ! celui qui me dit viens viens... qui es-tu ? "

Namo Chiaki est l’une des stars de la pop japonaise dont la carrière s’étend de la fin des années 60 à 1992 où elle se retire de la vie publique (c’est une constante chez les divas japonaise, actrices ou chanteuses). Je l’ai découverte en 2010, au Baltimore, un bar de Golden Gai. Comme à mon habitude, je demande que l’on me fasse écouter des chanteurs pops ou de enka et que l’on me marque leurs noms sur un cahier. C’est aussi une façon de communiquer. Cette nuit-là, Tomoko (eh non, ce n’était pas Natsuko) m’a passé des chansons de Naomi Chiaki. Bien qu'elle m’ait de prime abord moins accroché que Momoe, j’achetais un best-off qui allait idéalement me rappeler les nuits de Golden Gai. Je découvrais le classique Kassai (ici) et surtout Yorue Isogu Hito c’est-à-dire : «les gens qui se précipitent vers la nuit» (quel titre magnifique !). Sur la version originale, la chanson commence par des chœurs «morriconien» pouvant presque évoquer une ambiance de western italien, mais c’est en live que la chanson prend toute sa force.
Naomi Chiaki déploie une incroyable puissance tragique lorsqu’elle tend la main vers le spectateur, le visage soudain transfiguré, effrayant ; lorsqu’elle se martèle la poitrine en se pliant de douleur ; lorsqu’elle termine la chanson par ce hululement sidérant d’animal blessé.







jeudi 8 décembre 2011

Christopher Walken chez Fatboy Slim et Spike Jonze par Jean-Pierre Dionnet


«Incroyable de voir que les acteurs qui ont commencé comme danseurs : Cagney, Gabin, Godunov chez Mc Tiernan et lui ont appris à ne presque pas bouger.
Ils savent la valeur du geste.»
Jean-Pierre Dionnet, commentaire Facebook, le 8/12/20011. 



lundi 31 octobre 2011

Etrange petite fille



Si les films sont les fantasmes de la vie, les vidéo-clips sont le fantasme de ces fantasmes. Adolescents, on pouvait tomber amoureux d’actrices, mais souvent et plus encore de ces créatures anonymes que l’on apercevait dans les video-clips. Cet amour durait le temps de la diffusion du clip à la télévision, et leur visage s’évanouissait peu à peu. Qui étaient-elles d’ailleurs ? Apprenties comédiennes ou mannequins ? Groupies des chanteurs ou clientes d’une boutique de vêtements punks à Londres ? Leurs 3mn de célébrité stockées dans les archives des maisons de disques, on ne pensait jamais les revoir. Et puis est arrivé Youtube. Les vidéo-clips devenaient des capsules temporelles idéales où nous retrouvions ces figures du passé, figées dans leur adolescence et bien plus encore dans notre adolescence. Celle qui pourrait toutes les résumer serait la jeune fille de Strange Little Girl des Stranglers. Une punkette parmi d’autres, un peu à la dérive dans la grande ville ; une proie facile pour les étrangleurs qui rodent.
Tes yeux noirs et ton sourire, au fond, on ne les avait jamais oubliés.



samedi 8 janvier 2011

Curiosités spatiales



Depuis mon adolescence, je crois n’avoir jamais écouté autant David Bowie que ces derniers temps. Son silence persistant, les rumeurs sur sa maladie, ont peut-être suscité le besoin d’entendre encore sa voix. Et de se plonger dans des albums que j’avais négligé comme les magnifiques Heathen et Reality.
De vieilles interrogations ressurgissent. On sait que Bowie a choisi son nom de scène d’après le Bowie Knife, créé Jim Bowie, colonel mort à Alamo. Pourtant, à cause de Space Oddity, inspiré de 2001, j’avais plus volontiers fait le rapprochement avec le personnage de Dave Bowman interprété par Keir Dullea, britannique auquel je trouvais une légère ressemblance avec Bowie. Pure coïncidence puisque Bowie a choisit son surnom en 1967, soit deux ans avant la sortie de 2001.
En revanche, aucune coïcidence dans le fait que Duncan Jones, le fils de Bowie, ait réalisé Moon, double hommage à Kubrick et à Space Oddity.



jeudi 3 juin 2010

Passage du miroir. Notes sur le clip Thursday's Child (David Bowie)




Ça commence par le chantonnement d'un homme face à son miroir et par une terrible expression d'amertume.



Chantonner pour soi, presque malgré soi, comme pour appeler un être intérieur. 
Déjà le souvenir est au travail.



La chanson qui sort d'un transistor parfois glisse sur les lèvres de l'homme. Mais jamais elle ne s'incarne. 
Le bruit de l'eau qui coule dans le lavabo et une toux viennent même la recouvrir. 
Ces petits sons du réel valent comme une condamnation.
L'envol de la musique est refusé à Bowie, rivé, impitoyablement, à son présent.
Il semble surpris de se retrouver dans ce cadre, cette vie, avec cette femme belle, mais dont il parait soudain lointain.



Le miroir est en soi un faux raccord, où rien n'est tout à fait exact. Qui de moi ou du reflet cherche à percer le mystère de l'autre ? Est-ce moi qui voit mon double rajeuni ou, de l'autre côté du temps, un jeune homme qui contemple le futur ?
Le masque n'est pas celui d'un rockeur extraterrestre, d'un cosmonaute ou d'un clown mais c'est le masque de l'âge et des rides collé à la peau.




L'instant du rajeunissement use d'un vieux trucage de cinéma, une surimpression comme lorsque le crâne vient hanter le visage de Norman à la fin de Psychose.




L'Autre est certes rajeuni mais surtout, les yeux creusés et les joues émaciés. 
C'est une tête de mort.




Une jeune fille apparaît à côté de l'Autre.




Derrière le miroir obscur, ils l'observent comme un couple de vampire. Inquiétants étrangers.





Instant du double où le travelling circulaire transporte l'homme à travers le miroir, et le dépose à côté de la jeune fille. Il se penche vers elle et lui donne un baiser.



L'impossible baiser à travers le temps.



Thursday Child (1999)
Réalisation Walter Stern