jeudi 3 juin 2010

Passage du miroir. Notes sur le clip Thursday's Child (David Bowie)




Ça commence par le chantonnement d'un homme face à son miroir et par une terrible expression d'amertume.



Chantonner pour soi, presque malgré soi, comme pour appeler un être intérieur. 
Déjà le souvenir est au travail.



La chanson qui sort d'un transistor parfois glisse sur les lèvres de l'homme. Mais jamais elle ne s'incarne. 
Le bruit de l'eau qui coule dans le lavabo et une toux viennent même la recouvrir. 
Ces petits sons du réel valent comme une condamnation.
L'envol de la musique est refusé à Bowie, rivé, impitoyablement, à son présent.
Il semble surpris de se retrouver dans ce cadre, cette vie, avec cette femme belle, mais dont il parait soudain lointain.



Le miroir est en soi un faux raccord, où rien n'est tout à fait exact. Qui de moi ou du reflet cherche à percer le mystère de l'autre ? Est-ce moi qui voit mon double rajeuni ou, de l'autre côté du temps, un jeune homme qui contemple le futur ?
Le masque n'est pas celui d'un rockeur extraterrestre, d'un cosmonaute ou d'un clown mais c'est le masque de l'âge et des rides collé à la peau.




L'instant du rajeunissement use d'un vieux trucage de cinéma, une surimpression comme lorsque le crâne vient hanter le visage de Norman à la fin de Psychose.




L'Autre est certes rajeuni mais surtout, les yeux creusés et les joues émaciés. 
C'est une tête de mort.




Une jeune fille apparaît à côté de l'Autre.




Derrière le miroir obscur, ils l'observent comme un couple de vampire. Inquiétants étrangers.





Instant du double où le travelling circulaire transporte l'homme à travers le miroir, et le dépose à côté de la jeune fille. Il se penche vers elle et lui donne un baiser.



L'impossible baiser à travers le temps.



Thursday Child (1999)
Réalisation Walter Stern


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