mardi 31 janvier 2012

L’inquiétante étrangeté féminine (A Dangerous Method)



Chromosome 3 était un film déjà jungien où la colère d’une femme s’incarnait en enfants tumeurs, qui hantaient en cirés jaunes un canada neigeux et clinique. Avec A Dangerous Method, Cronenberg interroge une nouvelle fois la féminité mutante. L’élément spectaculaire est Sabina au corps ravagé, qui peut à peu discipline son hystérie et devient elle-même psychanalyste, avec l’avantage sur Jung et Freud d’avoir connu de l’intérieur l’aliénation. Sabina porte cette féminité obscure, qui était aussi celle de Claire, la femme aux deux utérus de Faux semblants. Pourtant l’inquiétante étrangeté féminine est aussi le fait de la femme de Jung, Emma - au calme suisse que rien ne vient faire tressaillir ; à peine marque-t-elle un instant d’hésitation à un exercice d’association d’idées, en entendant le mot «divorce», auquel elle impose juste un «non» définitif. Mais l’ironie de Cronenberg est aussi d’en faire la version blanche mais finalement pas moins terrifiante de la Samantha Eggar de Chromosome 3 . Jung entre dans la chambre, sa femme est alitée, et il y a une nourrice tenant un bébé dans ses bras. Rien ne laisse supposer un accouchement, comme si Emma avait elle-aussi un pouvoir de naissance spontanée. Lorsqu’elle le veut, elle produit en enfant et peuple son paradis suisse, alors que Jung se bat avec ses démons.


samedi 21 janvier 2012

L'Eve Future



" Edison dénoua le voile noir de la ceinture.

― L’Andréïde, dit-il impassiblement, se subdivise en quatre parties :

1° Le Système-vivant, intérieur, qui comprend l’Équilibre, la Démarche, la Voix, le Geste, les Sens, les Expressions-futures du visage, le Mouvement-régulateur intime, ou, pour mieux dire, « l’Âme. »

2° Le Médiateur-plastique, c’est-à-dire l’enveloppe métallique, isolée de l’Épiderme et de la Carnation, sorte d’armure aux articulations flexibles en laquelle le système intérieur est solidement fixé.

3° La Carnation (ou chair factice proprement dite) superposée au Médiateur et adhérente à lui, qui, ― pénétrante et pénétrée par le fluide animant, ― comprend les Traits et les Lignes du corps-imité, avec l’émanation particulière et personnelle du corps reproduit, les repoussés de l’Ossature, les reliefs-Veineux, la Musculature, la Sexualité du modèle, toutes les proportions du corps, etc.

 4° L’Epiderme ou peau-humaine, qui comprend et comporte le Teint, la Porosité, les Linéaments, l’éclat du Sourire, les Plissements-insensibles de l’Expression, le précis mouvement labial des paroles, la Chevelure et tout le Système-pileux, l’Ensemble-oculaire, avec l’individualité du Regard, les Systèmes dentaires et ungulaires. "

Auguste de Villiers de L'Isle-Adam, 1886

Si Villiers  de L'Isle-Adam a choisi le vrai Thomas Edison comme cosntructeur de son "Andréïde" c'est parce que l'inventeur commercialisa la première poupée parlante en 1877.



jeudi 19 janvier 2012

The Art of Film Poster in Japan

Expo au National Film Center de Tokyo
du 7 janvier 2012 au 31 mars 2012

Tadanori Yokoo
Shin Abashiri Bangaichi : Saihate no nagaremono [Abashiri Prison : The Vagrant Comes to a Port Town] Kioshi Saeki, Toei, 1969)


" Les affiches de films étaient accrochées dans les cinémas et dans la rues comme des éléments publicitaires, et dans la plupart des cas au Japon, crées anonymement sous le control des compagnies de distribution et de production. Pourtant, au-delà d’un mode de fabrication, vous vous apercevrez que les affiches de cinéma possèdent une réelle valeur graphique si vous en reconstituez l’histoire.
De nombreux talents ont croisés le monde du cinéma dans son âge d’or, comme le célèbre graphiste Takashi Kono qui était très actif à la Shochiku dans les années 30, Hisamitsu Noguchi qui créa à son époque de très romantiques affiches pour les films européens, et après la guerre, l’illustrateur Sentaro Iwata qui exposa la beauté féminine japonaise. En 1960, l’Art Theatre Guild (ATG) apparu et avec elle de jeunes illustrateurs qui épousaient exactement les révolutions artistiques de leur époque. Dans le dialogue intime entre le film, l’art, la littérature et le théâtre, des artistes de la nouvelle génération comme Kiyoshi Awazu, Tadanori Yokoo et Makato Wada, ont transfiguré le style conventionnel de l’affiche de cinéma. "
Texte d'introduction du catalogue.

Takashi Kono
Ojosan [Jeune demoiselle]
(Yasujiro Ozu, Shochiku, 1930 - film perdu )

Takashi Kono 
Ten-ichibo to Iganosuke [Ten-ichibo and Iganosuke]
(Teinosuke Kinugisa, Shochiku, 1933)

Noboru Ochiai
Tsuzurikata Kyoshitu
(Kajiro Yamamoto, Toho, 1938 - avec Hideko Takamine)

Shigemi Hijikata
Enoken no hokaibo
(Torajiro saito, Toho, 1938)


Sentaro Iwata
Ugetsu monogatori (Les Contes de la lune vague après la pluie)
(Kenji Mizoguchi, Daei, 1953)


Tatsumi Shimura
Hibotan bakuto : Oryu sanjo [Red Peony Gambler : Oryu's return]
(Tai Kato, Toei, 1970)

Kazuo Kamimura
Les Parapluies de Cherbourg (Jacques Demy)
Affiche de 1973


Kiyoshi Awazu
(Week End, Jean-Luc Godard)
Affiche de 1969

Kiyoshi Awazu
(La chinoise, Jean-Luc Godard)
Affiche de 1969

Kiyoshi Awazu
Tanin no kao (Le Visage d'un autre)
Hiroshi Teshigahara
Affiche de 1979

Kazuichi Hanawa
Den-en ni shisu (Cache-cache pastoral, Shuji Terayama, 1974)

Takashi Ishii
Nudo no yoru (A Night in nude)
(Takashi Ishii, 1993)


National Film Center; (03) 5777-8600; 3-7-6 Kyobashi, Chuo-ku, Tokyo
1-min walk from Exit 1 of Kyobashi Station, Ginza Line
11 a.m.- 6:30 p.m. ¥200.
Closed Mon.

samedi 14 janvier 2012

La larme de Rachel

Les souvenirs d’enfance de Rachel ne seraient que des implants mémoriels empruntés à la véritable nièce de Tyrell. Lorsque Deckard lui révèle sa nature de répliquante et de double d’une autre jeune fille, morte, Rachel verse une larme. Deckard est troublé, pas seulement parce qu’une de ses proies manifeste une émotion humaine, pas seulement parce qu’il vient de tomber amoureux de la jeune fille, mais sans doute parce que lui apparaît soudain la fragilité de ses propres souvenirs.


L'enfer des jeunes fille par Konuma



Yumeno Kyusaku no shoujo jigoku de  Masaru Konuma (1977)

jeudi 12 janvier 2012

Experiment in Terror - un germe lynchien

Experiment in Terror (1962) de Blake Edwards. On ne peut pas rêver plus belle ouverture de film : une ballade nocturne dans San Francisco avec Lee Remick comme chauffeur.
La musique de Mancini est un jazz feutré et subtilement inquiétant, presque aquatique, qui anticipe les morceaux de Badalamenti pour David Lynch.
Et au terme de la ballade, ne clignez pas des yeux pour ne pas le manquer, est révélé le nom du artier résidentiel où habite Lee Remick, là où va commencer son expérience de la terreur : Twin Peaks !