jeudi 3 mai 2012

Introduction à une véritable histoire du cinéma (JLG 78-85)




« A l’automne 78, Serge Losique, directeur du Conservatoire d’Art Cinématographique de Montréal qui avait accueilli Henri Langlois l’année d’avant, me proposa de continuer le travail entrepris.
Plutôt que de donner des cours comme il s’en fait dans toutes les universités du monde, j’avais proposé à Losique de considérer l’affaire… comme une affaire… un genre de co production qui serait une sorte de scénario d’une éventuelle série de films intitulés : introduction à une véritable histoire du cinéma et de la télévision.
A chaque voyage j’apportais un peu de mon histoire, au rythme de deux de mes films par mois que l’on confrontait le matin avec des morceaux de l’histoire du cinéma qui avaient eu pour moi, à l’époque, un rapport avec ce que j’avais fait. Mais l’eau du bain me révélait souvent autre chose que ce que ma mémoire avait enregistré. »
Jean-Luc Godard

Introduction à une véritable histoire du cinéma de Godard ose ce que l’on n’a pas le droit de faire en édition, c'est-à-dire retranscrire la parole brute, telle quelle, avec toutes ses imprécisions, ses suspensions, ses phrases non finies qui sont en fait indispensables dans la pensée de Godard comme une recherche jamais close, toujours en construction.
Il fait pleinement partie des monumentales Histoire(s) du cinéma. Et en est même l’archéologie puisque c’est à partir de la difficulté de juxtaposer en « live » les images que Godard construira technique de montage et de surimpressions. « Tome 1 » indique la couverture, le Tome 2 sera Les Histoires du cinéma.
Il est un livre-objet fascinant, Godard ayant recadré et hyper contrasté les photos de films,  créant de magnifiques effets pop’art.
« En fait, l’histoire du cinéma, si on voulait la faire, ce serait comme un territoire complètement inconnu, qui est enfoui on ne sait pas où ; et ce devrait être la chose la plus simple, puisque ce ne sont que des images, comme un album photographique. Mais cet album photographique, il existe, et les moyens pour le feuilleter ne sont pas possibles. Le télécinéma, si on en a besoin, est dans une salle au-dessus, le projecteur d’analyse est ailleurs…
Donc, on ne peut pas travailler. »

On imagine alors comment le flux des films sur internet (téléchargement, streaming, Youtube) , la possibilité de prélever presque immédiatement un extrait dans la cinémathèque mondiale, pourrait constituer un An III des Histoire(s) du cinéma.







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