mercredi 16 mai 2012

Découvrir Patrick Tam




Patrick Tam n’est surtout connu en France que pour The Sword (1980), wu xia pian «nouvelle vague». Il y exprimait un goût marqué pour l’abstraction et les corps devenaient des étoffes légères comme portées par le vent. Ses autres films ne passèrent pas nos frontières, une injustice bientôt rattrapée par la programmation 2012 de Paris Cinéma. On peut en effet parler d’injustice pour un cinéaste qui fut le mentor de Wong Kar-wai et l’influença durablement (il fut par ailleurs le monteur de Nos années sauvages et Les Cendres du temps).
On peut le dire : sans Patrick Tam, pas de Wong Kar-wai. Ou du moins un Wong Kar-wai qui n'aurait pas trouvé son style avec une telle évidence.
Tam est un formaliste exigeant et élégant mais n’oubliant jamais la dimension pop de son cinéma.
Il faut donc découvrir au moins 3 de ses chefs-d’œuvre.

Love massacre (1981)
* S’inspire du même fait-divers que Les anges violés de Wakamatsu ; débute comme un drame romantique sur fond de psychiatrie et tourne au film de terreur.
* On retrouve Brigitte Lin avant qu’elle ne soit redéfinie en escrimeuse androgyne par Tsui Hark.
* Ce qui couve de sang et de violence est d’abord exprimé par une visite à une exposition Rothko et se prolonge dans les murs colorés de San Francisco, dans la robe rouge que l’amoureux «fou» offre à Brigitte Lin. 
* Le formalisme n’est jamais gratuit chez Tam.








Nomads (1982)
* Une comédie sentimentale soudain fendue par le tranchant d’un sabre japonais.
* Avant Wong Kar-wai, Tam travaille les cassées-croisées amoureux de quatre jeunes gens dans un Hong Kong nocturne.
* La figure rêveuse de Leslie Cheung que Wong kar-wai prolongera dans Nos Années sauvages.
* La plus belle scène des scènes d’amour, dans un bus qui traverse la ville la nuit.
* Un cinéma qui exalte la beauté des corps masculins, sans jamais céder à une tentation de puissance.
* Les 4 personnages, dans une maison sur une île, apportent chacun une lanterne pour éclairer la salle à manger, formant un ballet doux et sentimental, une utopie d’amour et d’amitié.
















My Heart is that Eternal Rose (1989)
* Christopher Doyle à la photo pose les bases esthétiques de son travail chez Wong Kar-wai : images tour à tour pop et sucrées, irisées, clairs obscurs ténébreux, vitesses fractionnées.
* Tony Leung, encore tout jeune homme, est le garde du corps amoureux de la belle Joey Wong, futur fantôme d’amour de Tsui hark.
* Le monde du crime est toujours une corruption des sentiments ; une réaction en chaîne funèbre où l’on devient la maîtresse d’un gangster pour sauver son père ; où le gangster entraîne la dégradation de la jeune femme parce qu’il ne supporte pas son propre avilissement, et qu’aucune rose ne doit rester belle et pure dans son monde.
* Et si My Heart is that Eternal Rose était le plus beau mélodrame d’action de Hong Kong avec The Killer de John Woo ?














 Le site de Paris Cinéma, ici


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