mercredi 14 mars 2012

霊界よりあなたへのメッセージ Kiyoshi Kurosawa




Au programme des prochains jours : des yakuzas sans code d’honneur, Koji Yakucho dédoublé, des collégiens hantés, des salarymen dépressifs, la do-re-mi-fa girl, des dieux-arbres, un assassin hypnotiseur, le gardien de l’enfer, une momie japonaise, des agents d’assurance possédés, des fantômes en robe rouge,  des fantômes désarticulés à la glaciale beauté,  des fantômes flous mais que l’on peut saisir, des fantômes de fillettes - ceux là sont les plus tristes, et les belles méduses  du fleuve de Tokyo.
Nous nous rappelerons les mots définitifs de Chris Marker dans Sans soleil :
« Les films d’épouvante japonais ont la beauté sournoise de certains cadavres. »

jeudi 8 mars 2012

Kingdom II. la Messe Verte

Belzebuth, Grand-Duc, Lucifer, Empereur, Satanachia, Grand Général


Did you watch Dead and Buried ?

Lorsque Shinji Aoyama me prend par les sentiments (Tokyo Koen, 2011)






Dead and Buried (1981) de Gary Sherman




Dans Tokyo Koen, Koji et Misaki regardent une série Z nommée "Vampire Zombies" dont Aoyama a conçu jusqu'à la jaquette du DVD.

mardi 6 mars 2012

Je ne suis jamais sorti du musée

Dressed To Kill (Brian De Palma, 1981)

Toujours j’en reviens à la scène du musée de Pulsions (Dressed to Kill), moment fondateur de ma cinéphilie. Lorsque j’écrivais ma maîtrise, presque entièrement consacrée à la séquence, ce musée newyorkais, surplombé par la statue de Diane chasseresse, je l’ai arpenté, pendant des mois en compagnie d’Angie Dickinson. J’y suis revenu souvent depuis, mais particulièrement depuis deux ans lorsque j’en fais l’analyse avec mes étudiants. 
Cette fois-ci, je leur soumettais un problème que pose l’analyse de film. Un film se déroule linéairement alors que l’analyse s’élabore de façon volumétrique. On devrait pouvoir considérer l’analyse comme la modélisation d’un objet de réflexion filmique. C’est-à-dire pouvoir comparer des scènes ou des plans espacés dans le temps en les juxtaposant, ce que ni le matériel (un seul lecteur DVD) ni le temps et le salaire des chargés de cours ne permet de faire. Il y a dans la scène du musée de Pulsions la tentation par De Palma de justement créer un espace virtuel, où le film procède à son auto-analyse. Ce sont par exemple les flash-back incrustés dans l’image-même. 



Ou les dédoublements de la figure de Kate Miller. Ici : elle croise son double, une bourgeoise blonde, se promenant calmement dans le musée, alors qu’elle-même est déjà exorbitée par son désir.




Mais on aimerait aller plus loin et vraiment démonter et remonter la scène et mettre au jour les autres films, cachés, qui se jouent dans les allées et couloirs.
Ainsi, j’incitais mes élèves à regarder les arrières plans, ces petites saynètes, qui font dévier le statut du musée de lieu déterminé où l’on vient pour une occupation précise (regarder des œuvres d’art) à un lieu flou de drague et d’approches sexuelles.
Ainsi, Kate observe amusée, un homme aborder une femme seule. Comme chez Hitchcock les hommes sont toujours brun et les femmes blondes (c’est le petit détail qui aurait déjà dû perdre Michael Caine : un homme blond ne peut-être qu’une femme).
Au cours de la scène du musée, on retrouve plusieurs fois ce couple et l’on suit la progression de leur relation. 
Jusqu’à ce plan, un peu terrifiant, où il marchent derrière l’homme aux lunettes noires, l’amant chimérique que Kate poursuit à travers les couloirs. Un trio de spectres qui accompagne Kate dans sa marche fatale vers la mort.








Les «locations» de Dressed to Kill à New York ici

dimanche 4 mars 2012

Images d'Alphaville



Ce matin, faisant le tour de mes blogs amis, je tombe sur la superbe affiche danoise, très ligne claire, d’Alphaville (voir ci-dessous «Lemmy’s moerkelige eventyr») - sur le blog d’Art Tatum, ici. Je décide alors de faire une collecte d’images sur Internet. Certaines affiches sont très modernes comme l’américaine ou bien sûr, la tchèque. D’autres comme les italiennes et allemandes tirent Alphaville du côté du film de genre, comme une nouvelle aventure de Lemmy Caution / Eddie Constantine ou un succédané des Mabuse sixties d’Ahard Reinl. Alphaville eut même l’honneur de faire la couverture de "Cliff Corner", un magazine allemande spécialisé dans les «krimis». On trouve également une curieuse annonce française du tournage en bande dessinée. Et après tout, pourquoi pas, puisque Godard a également conçu Alphaville comme un pulp poétique, un roman de gare d’avant garde ou un comic pop art.


 











samedi 3 mars 2012

Udo et les fantômes



Hier soir, je voyais l'infirmière Judith acoucher d'un Udo Kier adulte dans le Kingdom de Lars von Trier. Je le retrouve aujourd'hui en compagnie de Charlotte Rampling dans Spiritismes, série de 17 films tournés en public par Guy Maddin au Centre Pompidou. Le baron Frankenstein, le comte Dracula, l'acteur de Fassbinder, Gus Van Sant, Dario Argento et Lars Von Trier, s'est mué en shérif dandy à l'oeil sombre et à la moustache effilée. 





Il y a quelque chose de pourri au Royaume...




Avant d’aller (oui ! encore une fois !) retrouver les fantômes de Kiyoshi Kurosawa à la Cinémathèque française, j’ai eu envie de retourner sur une autre terre hantée, celle du Kingdom (Riget, 1994) de Lars von Trier. 
J’avais vu la première saison à la CF, il y a plus de 10 ans et à vrai dire je ne me souvenais plus de rien. Lars était déjà comme la Justine de Melancholia, obstinée, qui détruit tout : mariage, famille et le monde entier. Un jeune génie misanthrope et assez manipulateur pour laisser voir jusqu’aux fils des marionnettes qui s’agitent dans ce «Royaume», fierté de la médecine danoise mais aux fondations pourries. Kingdom est une grande série d’humour noir saignante et une satire politique où derrière les blouses blanches et la bonne conscience, il n’y a que corruption et trafic. Tout le mal qui mine le royaume vient du crime originel de Åge Krüger, qui décide de supprimer sa propre enfant adultérine, une petite fille du nom de Mary (la prononciation danoise Maruuu donne déjà la chair de poule), au cœur même de son hôpital, pour dissimuler sa faute. Déjà une histoire de corruption de l’âme et de la société car ce qui pousse le médecin au meurtre est bien entendu la protection de son statut social. 
Lars, à la fin de chaque épisode, nous assure que nous allons bientôt prendre le Bien pour le Mal. Ce qui est faux bien sûr. Il n’y a pas de confusion possible : le Mal ce sont les mandarins régnant et s’engraissant sur la souffrance et la maladie. Le Bien, ce sont les fous luttant contre les forces des ténèbres : soit des vieilles dames spirites, des petits mongoliens mystiques, des infirmiers barbus et légèrement ivrognes ou des internes - tellement internes qu’ils régulent de façon souterraine et contrebandière la vie du Royaume, tentant d’y insuffler un peu de moralité. 
Mais le royaume c’est aussi une des expériences visuelles les plus étonnantes de l’histoire de la télévision : une image viciée et jaunâtre, comme grouillante d’infections. Des bouleversantes apparitions de spectres d’enfant en pleurs. Et un final de première saison à se faire dresser les cheveux sur la tête où une femme accouche de rien moins qu’Udo Kier déjà adulte - soit du Diable en personne. 

«Tout ce qu’on peut faire c’est vous troubler avec du faux sang. Ce n’est que lorsque vous détournez le regard qu’on vous a eus. C’est derrière les yeux fermés que se cache la vraie horreur.»