samedi 3 mars 2012

Il y a quelque chose de pourri au Royaume...




Avant d’aller (oui ! encore une fois !) retrouver les fantômes de Kiyoshi Kurosawa à la Cinémathèque française, j’ai eu envie de retourner sur une autre terre hantée, celle du Kingdom (Riget, 1994) de Lars von Trier. 
J’avais vu la première saison à la CF, il y a plus de 10 ans et à vrai dire je ne me souvenais plus de rien. Lars était déjà comme la Justine de Melancholia, obstinée, qui détruit tout : mariage, famille et le monde entier. Un jeune génie misanthrope et assez manipulateur pour laisser voir jusqu’aux fils des marionnettes qui s’agitent dans ce «Royaume», fierté de la médecine danoise mais aux fondations pourries. Kingdom est une grande série d’humour noir saignante et une satire politique où derrière les blouses blanches et la bonne conscience, il n’y a que corruption et trafic. Tout le mal qui mine le royaume vient du crime originel de Åge Krüger, qui décide de supprimer sa propre enfant adultérine, une petite fille du nom de Mary (la prononciation danoise Maruuu donne déjà la chair de poule), au cœur même de son hôpital, pour dissimuler sa faute. Déjà une histoire de corruption de l’âme et de la société car ce qui pousse le médecin au meurtre est bien entendu la protection de son statut social. 
Lars, à la fin de chaque épisode, nous assure que nous allons bientôt prendre le Bien pour le Mal. Ce qui est faux bien sûr. Il n’y a pas de confusion possible : le Mal ce sont les mandarins régnant et s’engraissant sur la souffrance et la maladie. Le Bien, ce sont les fous luttant contre les forces des ténèbres : soit des vieilles dames spirites, des petits mongoliens mystiques, des infirmiers barbus et légèrement ivrognes ou des internes - tellement internes qu’ils régulent de façon souterraine et contrebandière la vie du Royaume, tentant d’y insuffler un peu de moralité. 
Mais le royaume c’est aussi une des expériences visuelles les plus étonnantes de l’histoire de la télévision : une image viciée et jaunâtre, comme grouillante d’infections. Des bouleversantes apparitions de spectres d’enfant en pleurs. Et un final de première saison à se faire dresser les cheveux sur la tête où une femme accouche de rien moins qu’Udo Kier déjà adulte - soit du Diable en personne. 

«Tout ce qu’on peut faire c’est vous troubler avec du faux sang. Ce n’est que lorsque vous détournez le regard qu’on vous a eus. C’est derrière les yeux fermés que se cache la vraie horreur.»





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