dimanche 17 avril 2011

Fantômes du cinéma japonais




En 1999, Ring d’Hideo Nakata rendit mondialement célèbre la figure du fantôme japonais : une jeune femme désarticulée, aux longs cheveux de méduse tombant sur son visage. Pourtant Sadako n’est que l’ultime incarnation d’une figure essentielle de la culture japonaise traversant les estampes d’Hokusai, le théâtre Nô et Kabuki, la danse Butô, le cinéma ou les mangas. Elle est l’héritière des femmes-chats qui vengent leurs maîtresses assassinées et des épouses empoisonnées qui poursuivent de cruels samouraïs. Elle se nourrit de légendes urbaines : la femme défigurée qui terrifie les enfants à la sortie de l’école ou Hanako-chan, la fillette qui hante les toilettes des collèges. 
La J-Horror des années 90 et 2000 repeupla le Japon de fantômes : Sadako bien sûr mais aussi Asami, la femme fatale de Takashi Miike (Audition), la famille maudite de Takashi Shimizu (Ju-on/The Grudge), les âme errantes de l’Internet de Kiyoshi Kurosawa (Kairo) et bien d’autres encore. Loin de l’agitation et des néons de Shinjuku, ces cinéastes filmèrent les espaces déserts et glacés du Japon contemporain. Peut-on dire que les innovations de la J-Horror débordèrent le cadre du film de genre ? Ce «Japon spectral» semble singulièrement proche de celui des enfants abandonnés de Nobody Knows de Kore-eda, des salarymen à la dérive de Tokyo Sonata de Kiyoshi Kurosawa ou du couple infernal de Rebirth de Masahiro Kobayashi.
 L’ensemble est enrichi d’entretiens réalisés au Japon par l’auteur avec les créateurs majeurs de la fiction d’horreur nippone (Kiyoshi Kurosawa, Takashi Shimizu, Hideo Nakata, Norio Tsuruta, Chiaki J. Konaka), réunis pour la première fois dans un ouvrage en France.
Parution en juin 2011 aux éditions Rouge Profond.

Couverture : la danseuse et musicienne Yoko Higashi, photographiée par Jérôme Chapuis.

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