samedi 21 mai 2011

Romain Slocombe au Monte-En-l'air



 












Du 20 mai au 7 juin 2011
Le Monte-En-l'air
71 rue de Ménilmontant /
2 rue de la Mare
75020 Paris


vendredi 20 mai 2011

J-horror 4 : "Duo en hommage au Japon", performance de Yôko Higashi et Lionel Marchetti




Yôko Higachi rejoint cette mélancolie dont parle Chris Marker dans Sans soleil en citant Samura Koichi : «Qui a dit que le temps vient à bout de toutes les blessures ? Il vaudrait mieux dire que le temps vient à bout de tout, sauf des blessures. Avec le temps, la plaie de la séparation perd ses bord réels. Avec le temps, le corps désiré ne sera bientôt plus, et si le corps désirant a déjà cessé d’être pour l’autre, ce qui demeure, c’est une plaie sans corps.»

Le butô est-il une plaie sans corps ?



Elle est à la fois un androïde dont la fonction aurait été perdue et qui ne serait plus qu’une mécanique emballée, vide de sens. Et un fantôme qui viendrait d’une terre empoisonnée, celle où les bêtes irradiée meurent, sans même savoir pourquoi.
Elle étouffe, s’asphyxie. L’air est devenu irrespirable. Elle ne peut plus tenir debout et a perdu toute stature humaine : elle descend un escalier à l’envers rampe sur le sol, comme si elle était devenu un animal d’une autre espèce.
Enfin elle hurle alors que les ténèbres se referment autour d’elle. Le Cri de Munch qui résonnait à travers le siècle passé ne s’est toujours pas tu. On peut l’entendre dans le silence de Fukushima.




le site de la rétrospective J-horror :

jeudi 19 mai 2011

J-horror 6 : Mujina




Le fantôme de Beautés ensorcelées de Norio Tsuruta, écho de Mujina, le fantôme sans visage du conte de Lafcadio Hearn.

J-horror 5 : Ghost Actress (Hideo Nakata, 1996)



Ghost Actress est bien entendu une fascinante répétition de Ring puisqu’on y trouve un énigmatique film surnaturel et un spectre qui sort des images pour hanter le monde réel. Mais Ghost Actress est aussi une œuvre singulière où Nakata et le futur scénariste de Ring, Hiroshi Takahashi creusent par la hantise plusieurs strates de l’histoire du cinéma japonais.
De la J-horror, il retient une image sans apprêt, un peu plate et télévisuelle. Le film que tourne Toshio Murai, le cinéaste hanté, est un mélodrame inspiré de ceux que tournait Hideko Takamine dans les années 50 ; un film de femmes cernées par les cadavres de la guerre (une des jeunes femmes lave ses pinceaux dans une rivière et le rouge de la peinture se mélange au sang d'un soldat ; le mort nait de la couleur, tout comme le fantôme naît de l'appareil de projection). Et, venant voiler ces images soignées et irisées, les sombres rushes fantômes sont ceux d’un film gothique des années 70, dans la tradition des adaptations de Seishi Yokomizo par Kon Ichikawa (La famille Inugami). 
Hideo Nakata a-t-il compris, dès son premier long métrage, quelle serait sa malédiction ? Celle d’un cinéaste de mélodrame piégé par le succès surprise d’un film d’horreur à petit budget. Comme le fantôme de Ghost Actress qui entraîne Toshio Murai dans l’au-delà, Sadako a emprisonné Nakata dans un genre pour lequel il a souvent avoué sa réticence. Pourtant Nakata saura inverser le sortilège : avec Dark Water, il tournera un nouveau film de fantôme mais signera surtout un chef-d’œuvre du mélodrame, un «film de mère» ou «haha mono».
Les eaux sombres où flotte dans sa solitude Mitsuko Kawaï, la petite fille fantôme, sont avant tout les larmes des enfants abandonnés.   



Le Spectre de l’actrice 女優霊 (joyû­rei)
de Hideo Nakata / 75’ / Avec Yûrei Yanagi, Yasuyo Shirashima, Kei Ishibashi, Toshie Negishi, Ren Ôsugi, Takanori Kikuchi
Toshio Murai est réa­li­sa­teur. En vision­nant une scène qu’il vient de tour­ner, il remar­que des ima­ges étranges qui sem­blent appar­te­nir à un autre film. Les ima­ges lui évoquent un sou­ve­nir loin­tain, sans qu’il sache de quoi il s’agit. Le tour­nage se pour­suit, mais d’étranges inci­dents se suc­cè­dent.

le site de la rétrospective J-horror :
http://www.mcjp.fr/francais/cinema/le-cinema-japonais-au-surnaturel-231/le-cinema-japonais-au-surnaturel

mercredi 11 mai 2011

J-horror 3 : House (Nobuhiko Ôbayashi, 1977)



Voilà une bien étrange histoire de fantôme où des poupées d’écolières japonaise (la coquète, la sportive, la gourmande, l’imaginative, la musicienne) sont prises au piège d’une maison qui les désarticule et fait danser leurs membres. L’âme mauvaise de la maison est la tante de la coquète qui veut posséder le corps de sa nièce car elle-aussi est le jouet d’une triste malédiction : elle attend le retour de son fiancé mort au front. Et dans l’espoir de le voir revenir, elle doit s’incarner dans un autre corps, plus jeune.
House est bien sûr le chef-d’œuvre pop du cinéma japonais des années 70, fourmillant de tant d’idées folles qu’on ne pourrait toutes les énumérer. Des ciels écarlates en technicolor, des femmes-chats venant des anciens kaidan-eiga de studio, des vrais chats mais tellement beau et blanc qu’on les croirait faux, des spirales psychédéliques, de l’érotisme aquatique, des têtes coupées d’écolières qui mordent les fesses de leurs camarades...
Pourtant la mélancolie est bien présente au cœur du kawaii. Ce qui vole son corps et son avenir à la coquète est une histoire dont elle est à peine consciente, celle de la guerre qui a volé les fiancés des femmes japonaises. Elle-aussi sera prise dans la malédiction, à jamais enfermée dans la maison, qui n’est peut-être que le Japon en tant que domaine hanté.


House  ハウス  (hausu)
de Nobuhiko Ôbayashi / 88’ / Avec Kimiko Ikegami, Kumiko Ôba, Ai Matsubara, Miki Jinbo, Mieko Satô, Masako Miyako

Le site de la rétrospective J-horror :
http://www.mcjp.fr/francais/cinema/le-cinema-japonais-au-surnaturel-231/le-cinema-japonais-au-surnaturel

samedi 7 mai 2011

J-horror 2 : Cold Fish (Sono Shion, 2010)


Shion Sono à ces débuts étaient considéré comme un cinéaste fourmillant de bonnes idées mais pas forcément très rigoureux dans sa mise en scène. On reconnaissait, après Suicide Club, qu’au moins il était très doué pour commencer un film. Le génial Love Exposure a largement changé la donne, faisant de Shion Sono l’un des foyers les plus incandescents du cinéma japonais actuel, et sans doute l’un des cinéastes les plus libres du monde.
Le cinéaste à l’imagination tumultueuse a magnifiquement progressé dans l'art de la mise en scène, insufflant à ses visions une force lyrique et dramatique, les faisant évoluer sur le fil du rasoir du grotesque et du mélodrame flamboyant.
Cold Fish, réalisé pour la branche de la Nikkatsu Sushi Typhoon (instigatrice des frénétiques films gore de Nishimura), ne marque pas un sage retour au bercail des studios. L’histoire de ce modeste marchand de poissons vivants pris dans les filets d’un couple d’aigrefins assassinant de la façon sanglante et quasi cannibale leurs rivaux en affaire est une œuvre à la fois ultra-sanglante, ironique et émouvante ; soit le cocktail détonnant de Love Exposure. Shion Sono dans Cold Fish revient sur une de ses marottes : l’impossibilité de l’idée-même de famille, dont il fait une des structures de répression les plus violentes qui soient. la famille du petit marchand de poissons n’est que la version embryonnaire de celle du gros marchand de poisson... La fausse modestie, la soumission devant les lois sociales deviennent un appétit orgiaque pour l’argent, le sexe et le sang, profondément méchant, maléfique, et destructeur mais d’une liberté sadienne qui fait frémir.
Mitsuru Fukikoshi, qui joue le père de famille, est par ailleurs le troublant sosie de Shigeru Amachi, l’acteur fétiche de Nobuo Nakagawa. On se surprend alors à voir dans Cold Fish la continuité de l’existentialisme halluciné de l’auteur de Jigoku (L’enfer). Entrer dans un film de Nakagawa comme de Shion Sono signifie se retrouver dans un univers sans balises soumis aux métamorphoses les plus convulsives, mais toujours bouleversantes.


Cold Fish 冷たい熱帯魚 (tsu­me­tai net­tai­gyo)
de Shion Sono / 144’ / VOSTF / Avec Mitsuru Fukikoshi, Denden, Asuka Kurosawa, Megumi Kagurazaka, Hikari Kajiwara

Le site de la rétrospective J-horror :

J-horror 1 : Beautés ensor­ce­lées (Norio Tsuruta, 1996)


Premier jour de la rétro J-horror à la Maison de la culture du Japon, avec Beautés ensorcelés, un incunable de Norio Tsuruita écrit par Chiaki J. Konaka. Quatre  starlettes, attendant dans leurs loges le moment d’entrer en scène pendant une émission de télévision, se racontent leurs expériences surnaturelles. Leur particularité étant que toutes les quatre ont exercées des professions dans le monde des médias. Une maquilleuse de modèles pour photos érotiques est appelée pour farder une morte. Une présentatrice d’émission sur des phénomènes inexpliqués est agressée par le réalisateur transformé en vampire ; une assistante dans un studio d’enregistrement est propulsée dans un au-delà électronique ; une monteuse voit apparaître sur les images d’un drama anodin une femme vêtue de rouge.
Si l’on passe outre le mauvais goût ahurissant de la mode féminine au Japon dans les années 90, ces quatre sketchs sont des variations très amusantes sur les canons de la J-horror. Qui plus est par les deux auteurs à les avoir inventés. L’histoire de la monteuse est à cet égard des plus étranges puisque la femme en rouge (la star secrète de la première vague de J-horror, encore honorée par Kiyoshi Kurosawa) qui apparaît sur le moniteur ne cesse de se rapprocher de l’écran... avant d’apparaître dans le studio. Il suffira juste d’un léger raccourci pour imaginer un fantôme se rapprochant de l’écran d’une télévision et en sortant directement.

Beautés ensor­ce­lées 悪霊怪談 呪われた美女たち (aku­ryô kai­dan noro­wa­reta bijo tachi)
de Norio Tsuruta / 100’ / VOSTF / Avec Mika Yoshino, Rumi Mochizuki, Mari Tsutsumi, Misuzu Natsukawa, Ryûshi Mizukami, Naoya Ban

Le site de la rétrospective J-horror :