samedi 16 juillet 2011

L'emploi du temps d'une matinée de Susumu Hani



Avec Jetons les livres et sortons dans la rue en 1971, Terayama avait tourné l’ultime film expérimental garage rock. Un film tremblant de colère, sans cesse catapulté par la musique sauvage des Tokyo Kids Brothers (feat. JA Seazer). Susumu Hani, son complice, pour qui il avait écrit le scénario de Premier amour version infernale, s’affirme davantage comme un esthète pop délicat avec, en 1972, L'emploi du temps d'une matinée (The Morning Schedule/Gozenchu no jikanwari). Reiko et Kusako, deux adolescentes partent en vacances à la campagne, une n’en reviendra pas. Reiko, la survivante, visionne avec leur ami commun  Shitamura les films super 8 de la disparue en cherchant les raisons de sa mort. C’est l’occasion avant tout pour Hani de construire un film presque uniquement en portraits super 8 de jeunes filles, dans la campagne, se baignant nue dans les rivières, sur fond de folk vaporeux. A côté des autres films ATG (le Mujo/La vie éphémère de Jissoji, par exemple), aux cadres et au noirs et blancs splendides, L'emploi du temps d'une matinée est un film fragile, aux images vacillantes, papillonnantes.



La mort de Kusako étend bien sûr un voile mélancolique sur chaque image, mais ne donne lieu à rien de psychologique ni de mélodramatique. La jeune fille tombe du haut d'une falaise ; de sa mort nous ne verrons que le film enregistré par sa caméra super 8 lors de sa chute. S'est-elle suicidée ? On supposera qu’elle a été déçue par Oki, un jeune déserteur rencontré au bord de l’eau.
Reiko et Kusako sont des petites sœurs nippones de Céline et Julie qui inventent mille scénarios devant leur caméra super 8 : espionnage, film d’horreur, slapstick. Kusako avec ses grands yeux noirs et fixes apparaît comme une étrange petite médium qui ne vit qu’à travers sa caméra super 8. Quant à Shitamura, il est condamné à tomber amoureux de ces filles qui sont d’abord des images. « Je n’étais vraiment amoureux d’elle que lorsque je la voyais projetée sur l’écran» dit-il à propos de Reiko.
Comment traverser l’écran et entrer dans la vie ?









L’Emploi du temps d’une mati­née
午前中の時間割り (gozen­chû no jikan­wari) INÉDIT
de Susumu Hani / 101’
Avec Aya Kunikida, Shau Sûmei, Takuji Hatano, Itaru Oki, Shû Wada

Vu à la rétrospective ATG de la Maison de la culture du Japon à Paris
La page de la rétrospective

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.