mercredi 29 décembre 2010

New York 3. Super-héros.




Par la fenêtre du taxi, je découvre un nouveau super-héros : The Cape.

New York 2. Snowpocalypse.



New York sous la neige. Dépaysement au coeur du dépaysement. Le soir même, je me rends à Mondo Kim's, boutique culte de vidéo. En sortant, je suis gifflé par des rafales de glace. Tout est noyé dans le blanc, et la neige commence à recouvrir des taxis et des voitures de police abandonnés. Je m'enfonce jusqu'au mollet en marchant et perd presque mon chemin. Tout ça a un petit goût d'apocalypse douce mais aussi de fête. Les passants sont étrangement joyeux comme si au fond tout le monde attendait un dérèglement ; comme si voir la ville s'effacer lentement était un désir secret.




Aujourd'hui au MoMa, une salle splendide consacrée au Screen tests de Warhol. Sur les murs les portraits animés d'acteurs, écrivains, factory girls and boys. Ginsberg, Edie Sedgwick, Dennis Hopper... la plupart sont morts et la salle devient une troublante chambre ardente, un domaine hanté.





Le soir promenade à St Mark's Place, petite rue regorgeant de boutiques punks, de salons de tatouages et de piercings, de comic's shops et de disquaires. Les punks asiatiques viennent se fournir à Search & Destroy, tenu par deux japonais, sorte de maison hantée où les t-shirts d'époque des Misfits, Clash et de Billie Joel (?) côtoient Freddy Krueger, Jason et un superbe Belial, le siamois monstrueux de Basket Case d'Henenlotter. Bref, le Paradis.





dimanche 26 décembre 2010

New York 1. Il fait si bleu, il fait si bruit.


Je remonte Madison Avenue. Soleil fracassant qui découpe la rue en grands pans d'ombre et de lumière aveuglante. Architecture violente et vertigineuse.

Time Square et ses façades d'images verticales et horizontales, qui se chevauchent et se jusxtaposent. Je suis dans un comic book géant, un split screen.
Je suis dans l'image. Mais les vieux immeubles en briques, l'hiver qui rend tout intemporel, et rajoute du grain à l'image, me ramènent aux années 70. Je pense à L'exorciste et French Connection, à Rosemary's Baby aussi. Pourquoi ces images anciennes de la ville. peut-être parce que le cinéma contemporain ne filme plus la ville mais un fantasme sécurisé et virtuel. Que voit on de la ville dans les comédies romantiques, ces succédanés de Aly Mc Beal et Friends ?



Je vois Tron Legacy au Lincoln Theater dans une immense salle Imax. Ormis une belle scène d'action qui joue sur les squelettes de néon, les architectures, les renversements d'images, le film n'est pas très bon et oublie les effets expressionnises du premier : ces images qui semblaient peintes au pochoir, les étranges lumières sur les visages. Finalement, la bande annonce d'un documentaire en 3D sur des primates, où un orang-outang semble à un mètre de moi, est plus impressionnante.

mercredi 15 décembre 2010

Jean Rollin. 15 décembre 2010.

Ce soir les vampires sont en deuil, l'horloge fatale s'est refermée sur Jean.



Le 4 juillet 2007, j'avais interviewé Jean à la librairie Hors-Circuits.
La 4e vidéo est un extrait de Perdues dans New York que je considère un peu comme son art poétique ou "La vampire nue c'est moi".











mardi 14 décembre 2010

Mandragore

En trouvant cette photo sur Internet, je pense bien sûr aux Funérailles des roses de Matsumoto. Ce n'est pas une photo d'art mais la photo amateur d'une jeune diva indonésienne qui n'a sans doute jamais entendu parler de Nan Goldin.



mardi 7 décembre 2010

Kathryn Bigelow,‭ ‬existentialiste du cinéma d'action.

Vous voulez quoi comme sensations fortes‭ ?
Devenir un vampire‭ ? ‬Un surfeur braqueur de banque‭ ? ‬
Un démineur en Irak‭ ? ‬Une femme flic‭ ?
Vous voulez‭ ‬connaître l'action-trip de votre vie‭ ?
Tel est le cinéma selon Kathryn Bigelow‭ ‬:‭ ‬un shoot d'adrénaline,‭ ‬qui vous remue profond et vous met les nerfs à vif.‭ ‬Lenny Nero dans‭ ‬Strange Days‭ ‬deale des clips de violences et de sensations que l'on s'injecte directement dans le cortex.‭ ‬Pas du factice hollywoodien,‭ ‬mais du réel,‭ ‬vécu et enregistré par un autre‭ ‬:‭ ‬la vie elle-même.‭ ‬Jusqu'au‭ ‬Death Trip‭ ‬qui,‭ ‬s'il ne vous crame pas le cerveau à jamais,‭ ‬vous coupe l'appétit pour la semaine.‭ ‬James Cameron,‭ ‬coscénariste,‭ ‬s'en souviendra‭ ‬:‭ ‬Avatar‭ ‬est le‭ ‬développement d'une scène de‭ ‬Strange Days où un handicapé retrouve les sensations de la course sur le sable,‭ ‬de la vague contre ses pieds...‭ ‬quant au SQUID‭ ‬-‭ ‬la méduse qu'on se pose sur le crâne et qui diffuse les images‭ ‬-‭ ‬ce sont les lunettes‭ ‬3D,‭ ‬bien sûr.‭
Injection de l'image-action et immersion dans un milieu de pures émotions violentes,‭ ‬tel est le mode de‭ ‬fonctionnement des personnages de Bigelow.‭ ‬Dans‭ ‬Near Dark,‭ ‬le virus du vampirisme substitue à la fragile enveloppe humaine un corps immortel,‭ ‬qui se régénère‭ ‬automatiquement.‭ ‬Mieux qu'un Terminator‭ !
Cet organisme inaltérable est lié à un territoire,‭ ‬celui de la nuit et des vampires.‭ ‬S'il le quitte,‭ ‬le vampire devient plus fragile qu'un être humain et sa peau brûle aux rayons du soleil.‭ ‬Kathryn Bigelow n'a cessé de mettre ses personnages à l'épreuve de l'action.‭ ‬L'invention de ces organismes modifiés par l'adrénaline en font une cinéaste aussi passionnante‭ ‬-‭ ‬et au fond aussi intimiste‭ ‬-‭ ‬qu'un David Cronenberg.‭
Avec‭ ‬Démineurs,‭ ‬Bigelow invente la prothèse parfaite du film d'action‭ ‬:‭ ‬l'armure-scaphandre qui ne fait pas que protéger le démineur. Elle l'isole dans sa bulle d'angoisse et sa jouissance tout de même masochiste.‭ ‬Un peu comme la combinaison des Atrèides de Dune qui recycle les liquides corporels,‭ ‬sauf qu'ici c'est l'adrénaline qui devient l'énergie vitale.‭
S'il quitte son scaphandre,‭ ‬le démineur se retrouve aussi fragile que les vampires de‭ ‬Near Dark.‭ ‬Mais s'il quitte le territoire de guerre,‭ ‬c'est encore pire‭ ‬:‭ ‬il ne devient plus rien.‭ ‬Rentré au pays et retrouvant sa vie de couple,‭ ‬le flip ultime du démineur dépasse le désamorçage d'une bombe en plein‭ ‬cœur de Bagdad.‭ ‬Dans une superette,‭ ‬il s‭'‬arrête,‭ ‬interdit,‭ ‬devant un rayonnage de corn-flakes.‭ ‬Quel est le bon paquet que lui a demandé sa femme‭ ? ‬Comment lui prouver qu'il n'est pas qu'un freak totalement inadapté à la vie civile‭ ? ‬Bien plus terrible que le sol irakien est le terrain miné des relations humaines.
Alors oui,‭ ‬il y a une joie‭ ‬-‭ ‬celle du drogué retrouvant sa dose‭ ‬-‭ ‬dans la reprise du compte à‭ ‬rebours et le retour au monde de la guerre.
L'action qui donne un sens à sa vie,‭ ‬fonde le caractère profondément marginal des héros de Kathryn Bigelow.‭ ‬Dans‭ ‬Point Break,‭ ‬durant la superbe poursuite à pieds,‭ ‬Johnny Utah et son antagoniste Bodhi Salver traversent des pavillons de la banlieue de Los Angeles‭ ; ‬petites vies rangées d'une American Way of Life à laquelle ils n'appartiennent pas.‭ ‬La silhouette noire et masquée que Keanu Reeves poursuit n'est pas un être humain mais un concept‭ ‬:‭ ‬le corps de l'action pure qu'il doit incorporer.‭







Écrit pour le catalogue de la 25e édition du Festival Entreveus de Belfort (27 novembre-5 décembre 2010)

dimanche 5 décembre 2010

dharma guns ossang cinémas de l'interzone (Belfort 2)






Une journée qui commence avec les morceaux choisis des Histoire(s) du cinéma et finit avec Dharma Guns, le dernier Ossang encore inédit. La connexion est évidente entre deux "trips cinémas". Le rêve du cinéma lui-même, comme une voix qui vient de l'intérieur du cinéma ;des visages de filles qui ne sont jamais plus beaux que lorsqu'ils sont surimpressionnés par les images. Julie Delpy, Sabine Azéma, muses idéales et fatales beautés. Le film est un pont vers ce fameux territoire des fantômes. Celui-là où le soir, Ossang nous emporte. Heurtebise punk-rock qui toujours nous ouvre le chemin. La Jetée, Alphaville, Dharma Guns, les films de l'Interzone ou comme dit Ossang, prolongeant Vigo "le cinéma art du sommeil hanté". L'homme qui, voyageant dans le temps voit sa propre mort non dans le futur mais dans le passé, le détective qui entre dans la ville des morts et en ramène une femme, incarnation de la poésie. Ici dans Dharma Guns un homme, coincé dans un hôtel hanté, sur une terre volcanique qui n'est ni la mort ni la vie, écrit un script, manuscrit placé sous haute surveillance, qui permettra le voyage dans le temps. En échange du script il retrouvera son amour Délie (c'est Elvire, notre Musidora), que l'on dit folle, séquestrée par Ewers, sinistre Herr Doktor.



On trafique beaucoup dans Dharma Guns, les secrets pharmaceutiques, les armes bactériologiques, les clés ADN fatales... mais surtout Ossang est le dernier trafiquant d'argentique, l'hallucinogène ultime, le psychotrope qui se diffuse dans la rétine. Il faut voir la terre et les nuages noirs des Açores ; il faut voir la transparence des rideaux d'une chambre d'hôtel, gaze et éther dreyeriens ; il faut voir l'air s'emplir de poussière fluorescente et dorée à l'intérieur du noir et blanc ; il faut voir les murènes dans l'aquarium comme les fantômes biologiques qui annoncent le vampire chez Murnau.
La nuit, je rentre à l'hôtel avec Jerome de Missolz qui m'apprend que Roky Erickson, le rocker fou à lier de 13th Floor Elevators qui n'est jamais redescendu du 13e étage, joue à Rennes cette semaine. Il me raconte qu'il a filmé Yves Adrien en Chine, envoyant du Suicide à fond dans leur chambre d'hôtel. A travers la ville glacée nous parlons encore de Jeunes filles en uniforme de Leontine Sagan dont Herta Thiele, la sublime héroïne, refusa d'être l'égérie aryenne de Goebbels et dont une grande partie de l'équipe mourut en camps.



vendredi 3 décembre 2010

Brice Dellsperger Body Double (Belfort 1)

Deux jours au festival de Belfort où j’ai été invité pour avoir commis un petit texte sur Kathryn Bigelow.
Je vois d’abord les Body Double série de Brice Dellsperger, expérience cinéphile perverse, où il remake ses films préférés en jouant lui-même tous les personnages mais en conservant plus ou moins la bande-son. Par exemple Pulsions où il joue à la fois Angie Dickinson et... Angie Dickinson, double prenant la place du dragueur aux lunettes noires. C’est donc elle-même que Kate Miller poursuit dans le musée. Ce qui est la vérité du film et s’accorde à la scène de masturbation du début... Dellsperger remake mais aussi efface : certains personnages (la petite fille asiatique qui fausse compagnie à ses parents n’existe plus que par le son). Le principe étant qu’il contamine tous les plans et tous les personnages ; il substitue par exemple aux figurants du musée Angie Dickinson 2 et la place dans des plans où l’homme en noir n’apparaissait pas à l’origine. C’est une scène que je connais bien (puisque j’ai écrit ma maîtrise, précisément et exclusivement sur cette fameuse scène du musée) et pourtant je n’arrivais plus à me rappeler exactement les plans originaux au fur et à mesure que Dellsperger les reproduisait et les modifiait.
Les morceaux choisis permettaient de suivre l’évolution technique de Dellsperger mais aussi de le voir substituer à sa propre image celle d’un acteur/performeur très impressionnant : le reptilien Jean-Luc la Verna, au visage et au corps tatoué et piercé. Au niveau technique, Dellsperger bénéficie de plus d’argent mais aussi d’une technique assez impressionnante de composition. La Verna joue tous le rôle mais également se croise, s’attrape ou lutte avec lui-même. Excepté quelques légères vibrations de l’image l’illusion est parfaite comme dans ce remake de la scène de joute virile de Love de Ken Russel. Impressionnant aussi ce remake de Eyes Wide Shut où Dellsperger ne se contente pas de refaire les scènes mais le restructure : la scène du réveillon s’emboîte à l’intérieur de celle de la messe noire.
En fait ses films me font penser à des rêves étranges de cinéphiles. J’ai rêvé d’Eyes Wide Shut et c’était bizarre, tous le personnages étaient interprétés par le même acteur...
Eyes Wide Shut est d’ailleurs peut-être une étape chez Dellsperger qui s’affranchira sans doute du remake puisque son univers propre semble déjà autonome, en particulier grâce à la Verna qui apparaît comme le corps idéal, infiniment modifiable, s’accordant à toutes les métamorphoses.



Voir les Body Double ici
http://www.bricedellsperger.com/

lundi 22 novembre 2010

Une autre histoire de vampire à Tokyo

Parcourant "Koji Wakamatsu, cinéaste de la révolte" (IMHO), je tombe sur ce texte, "Carnet de bord de Corée -L’archipel japonais en sang", et sur cette note d'introduction :
"Carnet de bord de Corée » a été publié pendant l’automne 1973 dans le premier numéro de la revue Dorakyura (Dracula*) dont le rédacteur en chef était Juro Kara. Ce texte aborde la relation entre la Corée et le Japon et la situation de l’Asie de l’Est."
Me revient à l’esprit une petite revue achetée cet été à Nakano Broadway pour sa couverture bizarre et ses illustrations macabres.



Automne 73, Dracula ou "Dracura"... tout concorde.
Tenir entre ses mains une revue conçue par Juro Kara est déjà émouvant puisqu’il s’agit du mythique chef d‘une troupe situationniste du Tokyo des années 60. Il joue le rôle principal des Anges violés de Wakamatsu et apparaît avec ses comédiens dans Journal d‘un voleur de Shinjuku d‘Oshima (c‘est lui qui surgit en pagne en plein Shinjuku).
Je parviens à identifier dans le sommaire la texte de Wakamatsu.
J’en reproduis ici (et j’espère que Benoit ne m’en voudra pas) le premier paragraphe traduit en français dans «cinéaste de la révolte".

«Juro Kara prend le mythe du vampire à bras le corps. Je suppose que chez lui verser et sucer le sang représente la souffrance d’être au monde. Quel genre d’élan peut bien le pousser à aborder un tel sujet ? D’une manière générale, lorsque mes amis abordent le thème du sang et de la couleur rouge vif, ils dévoilent — l’espace d’un instant — une joie extrêmement intense ou prennent alors l’air de quelqu’un révélant un peu d’une pensée secrète. Pour ma part, la vue de mon sang, des règles de ma mère, ou du soleil rouge figurant sur le drapeau japonais n’ont jamais suscité de sentiments précis chez moi.»

La suite ici en Japonais.




La revue est aussi bourrée de collages, de BD surréalistes, ainsi que d’une illustration hilarante de Shigeru Mizuki où des pénis/chauve-souris attaquent Tokyo.






Évidemment "Koji Wakamatsu, cinéaste de la révolte" est une lecture indispensable. Les textes de Wakamatsu sont magnifiques et émouvants, en particulier le journal de son voyage en Palestine. Je n’avais personnellement jamais vu les photos de Wakamatsu entouré de guérilleros.



http://www.imho.fr/koji-wakamastu-le-cineaste-de-la

samedi 30 octobre 2010

Rien que pour vos yeux

 映画芸術 - eiga geijutsu (litt."Film Arts"), une revue de cinéma de 1970 qui consacrait un dossier au cinéma érotique et surtout un très beau cadeau de Miyuki.
Attention, du Wakamatsu se cache parmi ces images (et même un film polonais sur l'Egypte ancienne).
Ce billet devrait évoluer puisque je vais demander à mes amis Japanese film fans d'identifier les photos.