dimanche 22 août 2010

The Jess Franco Experiment



Faites l'expérience. Prenez au hasard un film de Jess Franco, si possible hors des années 60/70. Choisissez plutôt les années 80, période où il profite de la libéralisation de la censure espagnole pour aligner, frénétiquement, les productions érotiques fauchées. Historia sexual de O, par exemple, qui date de 1984 et fut sans doute tourné simultanément avec Mil sexos tiene la noche. Le titre lui-même est pittoresque : comme s'il fallait rajouter "sexual" à un classique de la littérature érotique. Passons puisque le film n'a de toute façon rien à voir avec le roman de Pauline Réage. Il s'agit d'une succession de scènes érotiques, ici soft, où Franco s'amuse avec ses figures favorites de trio et de voyeurisme. On reconnait les canevas, inspirés de La Philosophie dans le boudoir de Sade, ayant déjà servis à Eugénie (version 1969, avec Christopher Lee et Maria Rohm) ou encore Plaisir à 3 (1974, avec Alice Arno).
Le but du jeu est de se promener dans le film pour vérifier l'adage qui veut qu'il y ait toujours, dans n'importe quel film de Jess franco, une scène ou un plan que l'on ne verra jamais ailleurs. J'aurais pu choisir le cauchemar kaléidoscopique final où l'infortunée jeune fille est hantée par ses bourreaux, transformés en monstres vêtus de cuirs. Je préfère une scène plus anodine, une parmi les nombreuses combinaisons sexuelles que propose le film.
Transparait ici le plaisir toujours renouvelé de Jess Franco d'inventer, à l'instant même du tournage, un cadrage inédit. Jess Franco reste un artiste qui, par un simple recadrage/décadrage peut extraire un magnifique portrait féminin, et transformer un homme en entité menaçante, un mannequin rigide aux mains d'araignée.
Au terme de l'expérience, on aura prouvé, s'il en était besoin, qu'il n'y a pas de mauvais film de Jess Franco.







vendredi 13 août 2010

遠方の彼方から. Shinjuku-Shibuya


La ligne JR Saikyō relie directement Shinjuku et Shibuya en 4mn. Elle est pourtant un peu moins pratique que la Yamanote puisque le quai est assez loin de la sortie Hachiko.
Sur la vidéo, vers 3mn30, on peut apercevoir le parc où les homeless ont montés leurs maisons en cartons, recouvertes de bâches bleues.









mercredi 11 août 2010

遠方の彼方から. Cimetières japonais





Les cimetières de Tokyo (comme dans toutes les grandes villes) sont des lieux de calme, mais ils sont aussi le territoire des corbeaux, énormes comme des vautours, et des cigales qui livrent une sorte de concert permanent de musique électronique;
Il n'y a pas de murs autour des grands cimetières japonais, en tout cas ceux de Yanaka et Ikebukuro. Une des raisons est qu'il ne viendrait à l'idée des jeunes baka d'aller vandaliser les tombes – autant par respect que par crainte de s'attirer la colère d'un spectre.
Il y a donc des routes et des rues qui traversent les cimetières et on les emprunte pour se rendre à l'école, au travail ou pour aller faire ses courses.
A Yanaka, il y a aussi des petits jardins d'enfants en bordure des tombes.
On imagine alors traverser le cimetière à la nuit tombée et voir, éclairé par la lune, un écolier jouer sagement à la balançoire.

Cimetière de Yanaka









Cimetière d'Ikebukuro





lundi 9 août 2010

遠方の彼方から. Trésors de bouquinistes

Il y a au Japon une vraie culture des bouquinistes, que ce soit dans les chaînes comme Mandarake (idéal pour dénicher des mangas d'horreur des années 80), Book-off et des quartiers comme Nakano ou Jimbocho.
C'est un plaisir de passer des heures à feuilleter des revues d'avant-garde des années 60/70, et mesurer combien l'underground japonais était vivace.
Les mises en page sont toujours splendides, ce qui est encore le cas aujourd'hui.
On trouve aussi des "pamphlets", ces livrets - souvent luxueux - vendus aux spectateurs à la fin des séances (une tradition qui a existé en France et qui perdure au Japon). Il y en a des centaines, dont les prix varient entre 100 et 500 yens (entre 1 euros et 5 euros) pour les films des années 70 et 80 (de Dario à Carpenter en passant par Evil Dead et Mad Max, l'amateur de fantastique à de quoi devenir fou).
Pour les films japonais plus anciens, comme ceux de l'ATG, le prix reste abordable, aux alentour de 2000 yens (un peu moins de 20 euros), si l'on considére qu'ils'agit de films aussi mythique que "L'extase des anges" de Wakamatsu ou "Les funérailles des roses" de Matsumoto.






























遠方の彼方から. Destination Solaris




Rentrant en taxi la nuit et sous la pluie, je tente cette expérience : je colle l'écouteur de mon iPod au micro de ma caméra.
La musique est la BO de Solaris par Eduard Artemyev.

dimanche 8 août 2010

遠方の彼方から. Makoto-chan et Kitaro, garnements fantômes



Visiter Tokyo est l'occasion de découvrir des icones de la culture populaire japonaise à peu près inconnues en France. Ainsi Makoto-chan inventé par Kazuo Umezzu, un petit garçon fantôme dont le cri de guerre « GWESH ! » et le signe de la main sont connus de tous les Japonais. De Kazuo Umezzu, personnalité excentrique et géniale, n'ont été publié de lui en France que "L'école emportée" et "Baptism". Quand il ne dessine pas les aventures très régressives de Makoto, Umezzu dresse de sombres mélodrames d'épouvante, souvent centrés sur des rapports mère-fille tournant à la possession.








Pour qui aime les mangas d'horreur, se rendre au quartier de Kichijōji pour admirer la maison du Maître est donc obligatoire. Dans cette petite rue paisible, presque déserte, se dresse un manoir qui serait comme la maison de Psychose revue par un confiseur. Les bandes rouges et blanches sont les couleurs fétiches d'Umezzu et sur le toit de la maison se dresse une statue de Makoto. A ce qu'il parait, les habitants de la rue n'accueillirent pas avec une grande joie les goûts architecturaux de leur nouveau voisin. Je sonnais à la porte : pas de réponse. En fait, Umezzu habite une autre maison un peu loin dans le même quartier, celle-ci lui servant d'atelier et de source d'inspiration.
Ma théorie est qu'Umezzu est en train de créer une maison hantée, pour qu'après sa mort on murmure : "Regarde, c'est la maison du mangaka fou. Il paraît que certains soirs..."










Shigeru Mizuki et son héros Kitaro sont bien plus célèbres en France. C'est également une immense star au Japon que l'on peut sans doute comparer à Miyazaki pour son amour des créatures burlesques et inquiétantes du shintoïsme. C'est d'ailleurs du côté de Mitaka, non loin des studios Ghibli, que se tient un petit musée dédié au maître des yokaïs.
Voir le fantastique et l'épouvante occuper une telle place dans la culture populaire (au sens noble du terme puisque Mizuki est ce que l'on peut appeler un "folkloriste") est une bouffée d'air frais... loin de la grisaille cartésienne française.