lundi 30 avril 2012
Vampire
North by Northwest by 90°
Dans La Mort aux trousses, Hitchcock filme le remake du long baiser des Enchaînés. Il fractionne l’étreinte de Cary Grant et Eva Marie Saint, tout au long du dialogue, en une série de micro-baisers et d’effleurements.
Le dernier baiser, le plus langoureux, se déroule contre la cloison où les acteurs tournent en une étrange valse amoureuse.
Il suffit de retourner l’image - à 90% - pour se rendre compte qu’Hitchcock filme à la verticale, ce qui devrait se dérouler à l’horizontale.
La sonnerie du groom du train vient interrompre la scène d’amour comme un symbole de la censure. Mais les ligues de vertu hollywoodiennes ont été une fois de plus bernées, la scène d’amour avait eu lieu avant, dans son intégralité, avec des expressions d’extases d’Eva Marie Saint qui ne trompaient pas. Il suffisait de pencher la tête.
dimanche 29 avril 2012
Daisy et Violet Hilton chez Suehiro Maruo
Sur la couverture d’un des
derniers recueils de Maruo, ces deux petites filles victoriennes, soudées par
la hanche, sont inspirées de Daisy et Violet Hilton (1908-1969), les siamoises
de Freaks, référence majeure
du dessinateur*.
Si le film de Browning nous les a rendues célèbres, les sœurs Hilton étaient
déjà à l’époque des stars en déclin. Connaissant le triste destin des monstres,
les siamoises furent exploités alors qu’elles étaient enfants par leurs parents
adoptifs qui les spolia des revenus de leurs spectacles.
Ce que nous apprend leur fiche
Wikipedia (ici) est digne d’un mélodrame morbide. L’idée d’un même sang circulant
entre deux corps est déjà presque inconcevable. Qu’elles aient rencontré
Houdini qui leur aurait appris à se séparer «mentalement» est également
fascinant.
Mais c’est la suite de leur vie,
alors que leur succès et leur beauté étaient déjà déchus qui nous laisse un
goût évidemment lynchien ; le film «chained for life» qui les ruina, leur
carrière de strip-teaseuse et surtout, la conclusion macabre de leur existence
: Daisy mourut de la grippe de Hong Kong, deux jours avant sa sœur.
Où Daisy et Violet Hilton, ensemble forcément, sont-elles enterrées** ?
** l'auteure des "Délices de la cruauté" m'informe d'ailleurs que c'est à Charlotte (Caroline du Nord), où elles tenaient une épicerie à la fin de leur vie, que les siamoises sont enterrées.
Libellés :
Browning Tod,
Maruo Suehiro
samedi 28 avril 2012
Shuji Terayama : cartes postales 1976
mercredi 25 avril 2012
Masayoshi Sukita, David Bowie, Shuji Terayama
« C’est un homme galant et
moustachu.
Une fleur à la bouche lui irait
bien.
S’il a avale de la salade en
mettant un disque des Rolling Stones, c’est qu’une atmosphère facile et frivole
flotte autour de lui. Mais cela n’est qu’un «masque» pour survivre dans le
monde de la photo, gouverné par le système marchand. En réalité, rien de cela
ne l’abuse.
Il a souvent photographié des musiciens
du monde entier. Mais il a toujours tiré de ces portraits, non seulement la
beauté du sujet, mais encore les aspects vénéneux cachés derrière les
expressions.
Les personnages étranges qui,
dans ses films publicitaires, disparaissent en un clin d’œil en en laissant
derrière eux que leurs costumes, ou bien encore ceux dont les visages
deviennent invisibles, cachés par des oiseaux, voilà ce qui montre assez ce qui
l’incline vers le surréalisme.
Il s’est chargé des prises de
vues de mon film Jetons les livres, sortons dans la rue. Ses images comportent
quelque chose de rarement vu dans le cinéma japonais. Dans la scène de
football, on a lancé la caméra à la place du ballon, et on a joué le match.
Dans la scène d’amour, l’actrice caressait la caméra.
Notre équipe était étonnée par
ses tentatives d’introduire la caméra à l’intérieur du drame, par son désir de
faire participer la caméra elle-aussi à la scène, au lieu de la cantonner à son
rôle d’observateur.
Si les photographes essaient de saisir le monde invisible à nos yeux - le monde imaginaire - Sukita serait vraisemblablement celui qui s’ingénierait à être parmi les premiers. »
Si les photographes essaient de saisir le monde invisible à nos yeux - le monde imaginaire - Sukita serait vraisemblablement celui qui s’ingénierait à être parmi les premiers. »
Shuji Terayama
Ainsi l'auteur de certaines des plus mythiques photos de David Bowie est également le directeur de la photographie de Jetons les livres, sortons dans la rue, chef-d'oeuvre de l'expérimental rock de Terayama. Il n'y a jamais de hasard.
Amos Vogel est mort hier
« J’ai découvert Les Funérailles des roses de Matsumoto dans le livre d’Amos Vogel, Le Cinéma art subversif. Il y avait aussi des images des films de Koji Wakamatsu. Étudiant, j'étais obsédé par ce livre, j'ai décidé de voir tous les films dont parlait Vogel. »
Jim O’Rourke
Entretien réalisé à Tokyo pour Les Cahiers du cinéma le 9 août 2010
Jim O’Rourke
Entretien réalisé à Tokyo pour Les Cahiers du cinéma le 9 août 2010
Les objets, les masques, les accessoires
" Des mannequins, des masques énormes, des objets aux proportions
singulières, apparaîtront au même titre que des images verbales, insisteront
sur le côté concret de toute image et de
toute expression – avec pour contrepartie que des choses qui exigent d’habitude
leur figuration objective seront escamotées ou dissimulées. "
"Tout spectacle contiendra un élément physique et
objectif, sensible à tous. Cris, plaintes, apparitions, surprises, coups de
théâtre de toutes sortes, beauté magique des costumes, resplendissement de la
lumière, beauté incantatoire des voix, charme de l'harmonie, notes rares de la
musique, couleur des objets, rythme physique des mouvements, apparitions
concrètes d'objets neufs et surprenants, masques, mannequins de plusieurs
mètres, changements brusques de la lumière, action physique de la lumière qui
éveille le chaud et le froid, etc. "
Textes : Antonin Artaud, Le Théâtre de la cruauté
Images : Shuji Terayama, Cache-Cache pastoral (1974)
ps : Dans les années 90, Suehiro Maruo pris la suite de Hanawa comme affichiste du Tenjo Sajiki. Son chef-d'oeuvre, le manga Midori - La jeune fille aux camélias (1984), est inspiré de l'univers des attractions foraines (ou Misemono Goya) chères à Shuji Terayama. J. A. Seazer, compositeur attitré de Terayama composa l'a musique de l'adaptation animé de Hiroshi Harada (1992).
ps : Dans les années 90, Suehiro Maruo pris la suite de Hanawa comme affichiste du Tenjo Sajiki. Son chef-d'oeuvre, le manga Midori - La jeune fille aux camélias (1984), est inspiré de l'univers des attractions foraines (ou Misemono Goya) chères à Shuji Terayama. J. A. Seazer, compositeur attitré de Terayama composa l'a musique de l'adaptation animé de Hiroshi Harada (1992).
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Cinéma japonais,
Maruo Suehiro,
Terayama
mardi 24 avril 2012
The Steranko Experiment
Après l’arrivée des dessins animés japonais d’animation Goldorak et Albator vers 1980, le recueil d’histoires de Steranko, «Nick Fury, agent du SERVO», édité par les Humanoïdes, fut sans doute à la même époque l’un de mes premiers chocs graphiques. Les personnages étaient les mêmes que ceux que je retrouvais dans Strange, mais le dessin et les récits étaient bien différents. Bien plus psychédéliques, bien plus tordus... bien plus géniaux.
A partir d’un personnage qui n’avait pas grand chose pour plaire (au contraire, mettons d’un Dr Strange), Steranko transforma le barbouze borgne en personnage presque fragile, se débattant dans un monde où la réalité est l’enjeu principal des forces antagonistes : puissances étrangères, extraterrestres... ou le plus souvent soi-même. Si l’on interrogeait Steranko, sans doute nous dirait-il comme l’Hitchcock de La Mort aux trousses ou l’Antonioni de Blow Up que la réalité n’est jamais qu’un ensemble de fiction auxquelles on fait semblant de croire pour se donner un but dans la vie et survivre.
La présentation de Steranko par Jean-Pierre Dionnet (4e de couverture).
" A l’aube des années 60, Jim Steranko, l’auteur de Nick Fury à 15 ans. Bardé de chaînes, enfermé dans un coffre de fer, II demande qu'on le jette du haut du pont de Brooklyn, dans la baie : 10 minutes plus tard il réapparaît à la surface, libre.
Enfermé dans une cellule de haute surveillance, nu, il s'évade.
Comme son Maitre, Houdini, il reste un quart d'heure enterré vivant, aucun moyen d'échapper à la tombe qui l'enserre et, comme chacun a perdu espoir, il sort. Auparavant, il a écrit deux livres sur les tours de cartes qui font autorité aujourd'hui chez les magiciens professionnels. Deux ans, plus tard, il est cambrioleur, puis voleur à main armée. Quand il sera pris par la police, on trouvera chez lui deux petits 38 nacrés, 30 pistolets divers, un grand nombre de fusils et une mitraillette. Trois ans tard, quand il sort de prison, il fonde une agence de publicité qui fonctionne encore aujourd'hui, très sans lui. Deux ans plus tard, il devient scénariste de « comics » Trois ans plus tard, il devient dessinateur de bandes dessinées et, en 24 histoires, au travers d’un super héros technologique, mâtiné de James Bond (Nick Fury), il réinvente le récit d’espionnage, l’histoire de guerre, la romance sirupeuse, Le Chien des Baskerville, les films de la Warner et la Genèse. Mélangeant les effets cinématographiques, la bande dessinée des années 40, l’Op Art, il révolutionne la bande dessinée américaine. Au sommet de ta gloire, il arrête, brusquement.
Depuis, il est devenu le héros d'une bande dessinée de Jack Kirby. sous le nom de Mister Miracle : un superman qui s'évade des pièges les plus invraisemblables. II est devenu illustrateur, en quelques mois il a égalé le Maître Frazetta. Ensuite, il a abandonné.
Il a écrit les deux premiers volumes de la meilleure histoire de la bande dessinée à ce jour, allant chercher l'information chez les auteurs eux-mêmes, au lieu de se contenter de l'habituelle compilation, Deux tomes parus à ce jour. On attendra : encore sans doute le troisième. Il a créé un journal étrange qui parle avec emphase de la bande dessinée comme du cinéma le plus populaire, et puis aussi de Steranko et de projets qui ne verront jamais le jour...
Il a failli faire un fitm avec Alain Resnais. Il a réussi a imposer aux amateurs d'art new-yorkais les originaux de bandes dessinées comme des œuvres d'art, créant la première galerie spécialisée. Il vit à l'écart, dans la grande banlieue de New York, entre ses piles d'originaux d'Alex Raymond et de Windsor Kay, et nul ne sait ce qu'il prépare... !
A l'époque où il traversa comme un météorite la bande dessinée. il disait des choses étranges, comme : « Chaque jour je crée quelque chose de nouveau et pour mamtenir la balance de l'univers, je détruis quelque chose. Quand vous aurez fait cela depuis quelque temps, vous découvrirez qu'il y a choses et des gens qui supplient pour qu'on les détruise... »
Jean-Pierre Dionnet
Steranko en maître de l’évasion.
Chandler : Red Tide (1976), une des pemières Graphic Novel : Sin City 25 ans avant Sin City.
Un livre français sur Steranko
Jim Steranko, tout n'est qu'illusion de Guillaume Laborie (ed. Les Moutons électriques)
Libellés :
arts graphiques
lundi 23 avril 2012
My Japanese Jukebox 3 : La Reine de Kabukicho
Kabukichou No Joou (La Reine de Kabukicho) de Ringo Shiina, est sans doute une de mes chansons japonaises préférées, disons une de mes chansons préférées tout court. Elle raconte la vie d’une jeune hôtesse de bar du quartier chaud de Shinjuku. Les lecteurs de mon blog savent ma fascination pour ce village de néons multicolores. Kabukicho représente pour moi un quartier que l’on traverse pour aller à Golden Gai mais où je ne stationne pas (à la différence de Nichome, le très agréable quartier gay que j’ai appris cet hiver à découvrir). Peut-être qu’un jour je m’y arrêterai et déciderai de percer le mystère de certaine officines, mais à ce moment peut-être ne serai-je plus un simple visiteur.
Kabukicho représente pour moi l’essence même de Shinjuku, alors que Golden Gai sera toujours décentré «Any where out of the world.» Le rythme de la chanson de Ringo Shiina, sa voix excédée qui perce les oreilles possède déjà pour moi tout le rythme et les stridences du quartier. Lorsque Ringo chante
« JR Shinjuku eki no higashiguchi wo detara
» , ce qui veut dire « Prend la sortie Est de Shinjuku Station, Ligne JR », c’est irrésistible : je monte les escaliers, sort de la gare et je me retrouve en face du panneau géant du grand magasin Studio Alta, un passage clouté, la rue piétonne qui descend jusqu’à Shinjuku Dori (le magasin au nom pittoresque «intésucré»)... et sur la gauche la grande porte d’ampoules rouge.
Bien des fois, il m’est arrivé de superposer la chanson de Ringo Shiina à ma traversée de Kabukicho. Pour atteindre Golden Gai, il faut exactement deux écoutes de la chanson. Ce n’est pas seulement le décor qui s’accorde à la musique mais les filles qui attendent devant les boîtes, les rabatteurs sénégalais de touristes occidentaux, les bandes de «hosts» aux cheveux oranges, les yakuzas tirés à quatre épingles, les jeunes filles et garçons qui passent la nuit dans le quartier sans que l’on sache très bien ce qu’ils recherchent, affalés devant le cinéma Koma, les travestis et les pourvoyeuses chinoises de «massadji»... tout le petit monde de Kabukicho.
En ce moment, j’écoute beaucoup Kabukichou No Joou...
Semi no koe wo kiku tabi ni
Me ni ukabu kujuukuri hama
Shiwashiwa no sobo no te wo hanare
Hitori de otozureta kanrakugai
Mama wa koko no joousama
Ikiutsushi no you na atashi
Dare shimo ga te wo nobete
Kodomo nagara ni miserareta kanrakugai
Juugo ni natta atashi wo
Oite joou wa kieta
Maishuu kinyoubi ni kite ita
Otoko to kurasu no darou
"Ichido sakaeshimono demo kanarazu ya otoroeyuku"
Sono imi wo shiru toki wo mukae
Ashi wo fumiireta wa kanrakugai
Kiete itta onna wo nikumedo natsu wa ima
Joou to iu katagaki wo
Hokorashige ni kakageru
Onna ni natta atashi ga uru no wa
Jibun dake de
Doujou wo yoku shita toki ni
Subete wo ushinau darou
JR Shinjuku eki no higashiguchi wo detara
Soko wa atashi no niwa
Daiyuugiba kabukichou
Konya kara wa
Kono machi de musume no atashi ga joou
Queen Of Kabukicho
Every time I hear the cicadas
I picture Kujukuri Beach
I let go of my grandmother’s frail hand
And went to the pleasure centre alone
Mum used to be the queen of this place
Now I’m her legacy
Everyone holds out their hands to me
Even kids are enticed to the pleasure centre
When I was 15 the queen went away
Leaving me behind
She’s probably living
With one of the guys who came here every Friday
“You can be a star, but all stars fade”
I step into the pleasure centre
Towards the time when I’ll learn what that means
I hate the woman who left me
But this summer
I’ll wear the title of Queen
With pride
Now I’m a woman
And all I’m selling is myself
If I long for sympathy
Then I’m sure to lose everything
Go out the East Gate of JR Shinjuku Station
And you’ll find yourself in my garden
The big playground called Kabukicho
As of tonight
This girl is the queen of this town
Traduction du site kiwi-musume : ici
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